Pas vraiment un mauvais film, mais tout de même raté! La faute surtout à un scénario qui s'étire inutilement sur plus de 40 ans et ne fait qu'effleurer les différents sujets qu'il voudrait aborder. Sur le plan de l'histoire de la peinture on en apprend finalement très peu sur le mouvement des Nabis (seul Vuillard a un petit rôle dans le film) et les quelques informations offertes au spectateur le sont sous forme de dialogues lourdement didactiques. De même, si l'on voit beaucoup Bonnard au travail, on ne ressent guère la passion impérieuse qu'il éprouvait pour la peinture et qui passait loin devant sa vie de couple et ses relations sociales. Quant au cœur de l'histoire, la relation complexe entre le peintre et sa muse, elle est relatée de façon confuse. Amoureux fou épris de liberté dans la première partie du film (la meilleure), Bonnard est soudainement décrit comme un petit bourgeois adultérin qui traite sa compagne comme une boniche sans que l'on comprenne son évolution. Idem pour une Marthe pleine de charme et de fantaisie qui se transforme en un coup de cuillère à pot en mégère jalouse et revêche et dont on ne découvre que tardivement et inopinément qu'elle fut aussi une peintre au talent original. Cécile de France, Vincent Macaigne et le reste du casting font ce qu'ils peuvent, mais il est difficile d'habiter des personnages aussi mal dessinés. Restent de belles images, précises et lumineuses qui ne copient pas la palette tachiste et décorative mais qui exaltent tout autant la beauté de la nature et du corps féminin.