Bonne Conduite, attention à la ligne blanche

Bonne Conduite est un film se voulant avant tout une forme de divertissement sympathique, pas prétentieuse, très bien mise en scène. La photo est souvent belle, les plans sont envieux pour un film français, la musique signée par Charles Ludig, bien que très rétro, est prenante et est souvent bien amenée (bien que des fois elle desserve le cadre). Ce film a de jolies qualités. Toutefois...

Jonathan Barré, le réalisateur du Palmashow, a déjà réalisé leurs 2 précédents films (La Folle Histoire de Max et Léon, le meilleur, et Les Vedettes, somme toute assez oubliable en général). Il ramène encore une fois ses deux vedettes (petit jeu de mots = calé) pour deux seconds rôles. Ils sont ici policiers, un commandant Breton (David Marsais) et un capitaine de Narbonne (Grégoire Ludig), en charge de l'enquête sur d'étranges meurtres nocturnes d'automobilistes. La protagoniste est interprétée par Laure Calamy. Son personnage est ici une psy monitrice dans les stages pour récupérer des points sur son permis. Seule particularité, de taille : elle enfile le soir une cagoule et part tuer des chauffards et ivrognes au volant de sa voiture de course.

Le problème ne réside pas dans ce qui précéde. Mais donc, où est-il, me direz-vous ?

C'est long. Le film ne dure qu'une heure et demie, et j'ai réussi à m'ennuyer une ou deux fois, à cause des creux dans le métrage (je suis pourtant facile).

Mais le pire, ce n'est pas ça. C'est malheureusement les choix de l'ambiance qui est trop souvent... hésitante.

On sent que le film se veut sérieux, et régulièrement dramatique, ou stressant : des scènes comiques brisent alors le rythme d'une scène rondement menée. On sent également que le film se veut léger, et parfois foncièrement absurde et comique. Ces moments sont pourtant obscurcis par une ambiance bien trop sombre pour ce qu'elle est. Certaines scènes en sont assez gênantes, car elles tentent des choses et se retrouvent coincées par elles-mêmes.

Le film tente de prendre le temps de poser le cadre, pour des situations claires, mais décide alors de passer la 5ème en un claquement de doigts. Le scénario réussit à être intéressant (malgré l'absurde appréciable), mais trop de situations sont laissées en suspens, sur le bas côté, au bord de la route. On a du mal à avoir de l'attachement assez profond pour l'héroïne, on ne s'inquiète pas du tout pour elle.

Le film est tout de même beau dans sa réalisation, artistique et très colorée, mais c'est dommage qu'il réussisse à se doubler lui-même sur la ligne blanche en proposant des situations incohérentes.

Autrement, ça fait du bien de voir une patte esthétique aussi marquée et engageante dans un film français, que ce soit au niveau de la réalisation, de la photo ou de la musique. Le jeu des acteurs est aussi au rendez-vous, mais il est dur de les évaluer, tant l'ambiance posée se veut ambivalente et se retrouve finalement floue. Le scénario est de ce fait handicappé. Je pense rester sur ma fin, cette fin si étrange, presque incohérente...

J'ai tout de même apprécié le métrage, malgré le fait qu'il ne marquera probablement pas les annales pour moi. Il vaut un 5, que je lui attribue, même si j'ai hésité avec un bon 6/10 pour valoriser les risques pris. J'aime l'équipe du Palmashow que l'on retrouve ici au complet ou presque, et le film a de sérieuses qualités ; néanmoins, je maintiens qu'il s'égare de façon trop récurrente entre les genres. C'est dommage ! En espérant voir le prochain film de nos compères se conduire un peu mieux, mais j'ai très hâte de retrouver Jonathan Barré au volant d'un gros projet (cette fois réellement "sérieux") !!!