Sartana est un personnage curieux. Éloigné de ce qu’il fut au début de ses aventures où il reprenait la figure d’un inconnu avec sa barbe de trois jours et ses vêtements sales, il est désormais, dans cette quatrième aventure, une figure soignée et élégante dont la tenue même évoque le côté surnaturel qui fait sa marque de fabrique. Vous le cherchez là, il est ici ; vous le croyez désarmé, il vous jette une carte aux bords métalliques ; vous le croyez pris au piège, c’est lui qui vous tient. En quelque sorte, un personnage invincible qui ne risque donc pas vraiment sa vie mais qui entend faire respecter une justice qui lui est propre. Car quelles sont ses intentions dans cette aventure ? Nous n’en savons rien. Il ne lorgne pas sur le lopin de terre convoité par le banquier et l’étrange tenancier de la salle de jeux asiatique. Il n’agit pas pour venger l’ancien propriétaire de cette terre qui était une fripouille. Il n’est pas là non plus pour les beaux yeux de la nièce de celui-ci même si un jeu de séduction s’établit parfois entre les deux. Il est là pour livrer sa propre vision de la justice.


Le film se présente ainsi sans enjeux particuliers. Les motivations du héros sont floues et les coupables vite identifiés, ce qui rend son enquête inutile. Mais cela ne gâche rien de l’ensemble. Le résultat est un pur divertissement avec un goût certain pour le travail bien fait. Les scènes se veulent explosives et les images du héros se veulent iconiques. Dans le rôle-titre, Gianni Garko fait vraiment le boulot même s’il lui manque un peu de charisme. La photographie soignée de Stelvio Massi et les choix de mise en scène comblent largement ce déficit, et les différents personnages sont plutôt soignés à défaut d’être nombreux. Les femmes, qui jouent souvent les utilités, ont, en outre, un véritable rôle dans l’intrigue. Quant à la musique de Bruno Nicolai, elle se montre digne de son maître, Ennio Morricone, avec des thèmes vraiment forts qui soulignent le côté mystérieux de certaines séquences.


On appréciera aussi la manière dont le réalisateur tire profit des quelques décors dont il dispose, signe d’un budget assez faible. En se concentrant sur l’atmosphère générale qui oscille entre surréalisme et baroque, il parvient à donner une identité originale à son film qui, habilement parfois, sait faire preuve d’humour, à l’image des funérailles que paie à chaque fois Sartana au croque-mort de la ville qui, en sa présence, fait fortune. Si certaines scènes ne sont pas totalement maîtrisées et glissent par moments dans le grotesque, la livraison de ce quatrième opus est une surprise plutôt agréable. Pas ambitieux mais franchement divertissant.


Play-It-Again-Seb
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le 11 nov. 2024

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PIAS

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