Après le succès inattendu de James Bond 007 contre Dr. No en 1962, Bons Baisers de Russie enfonce le clou dès l'année suivante. À partir de là, les moyens financiers ne vont jamais cesser de gonfler d’épisode en épisode, car il s’agit bien dès le début d’une série cinématographique. De petit film indépendant, "James Bond" va donc au fur et à mesure devenir une entreprise très lucrative.
L'équipe se connait déjà et se montre plus à l'aise. Ainsi Peter Hunt, le chef monteur, peut notamment donner libre cours à son inspiration. La séquence de bagarre entre Sean Connery et Robert Shaw dans le train est d'une violence et d'une efficacité encore impressionnante aujourd'hui. Si par exemple on compare celle-ci à celle qui opposera Roger Moore à Richard Kiel dans L'Espion qui m'aimait, on voit tout de suite qu'il y a - pour ceux qui en douteraient encore - un monde entre les deux manières de caractériser le personnage (qui n'incombe pas forcément au seul interprète principal).
Bons Baisers de Russie est le premier "grand Bond". C'est également le premier "Bond" à gadgets. Il s’éloigne cependant de la recette inaugurée dans Dr. No. Et on pense cette fois plus aux films d’Alfred Hitchcock, sans doute à cause du voyage en train. Saltzman & Broccoli avaient d’ailleurs en tête La Mort aux trousses lorsqu’ils ont envisagé le lancement de la série ...et même Cary Grant dans le rôle de Bond.
Sean Connery affine et développe son jeu, il est moins brutal, mais Bond est beaucoup plus macho (tape sur les fesses de Tanya), comme d’ailleurs l’état d’esprit du film lui-même (Kerim Bey et sa maîtresse, le combat des Gitanes et le choix donné à Bond à son issue …pas du meilleur goût). Mais il sait aussi garder des relations féminines puisque - fait unique - au début du film, on revoit Sylvia Trench qu'il avait rencontrée au casino dans Dr. No.
Au bout du compte, le film ressemble aux films d’espionnage classiques aux intrigues alambiquées qu’on a du mal à suivre au premier visionnage. C'est le plus sérieux avant longtemps, mais le résultat est convaincant et permettra de monter en régime dès l’année suivante avec Goldfinger.