C’était bien ou pas ? Impossible encore de savoir si j’ai aimé ce film. Il mériterait que je le revois pour mieux le cerner, mais je ne pense en avoir envie, c’était trop dérangeant. C’était pourtant indéniablement un bon film, original et intéressant, avec un message et des propositions esthétiques fortes.
En y repensant, je n’arrive pas vraiment à lui trouver de défauts qui justifieraient que je ne l’aime pas. Mais certains passages étaient insoutenables :
les accouplements bestiaux de ces deux personnages si laids pour nous, les grognements, les hurlements d’enfants dont on abuse, le monstrueux bébé de glaise, les dentitions jaunâtres et irrégulières, les visages déformés par des reniflements animaux, les asticots saisis entre deux doigts aux ongles noirs et engloutis par des bouches humides avec force gémissements de contentement...
Ce film est une mise en scène de la bestialité. Une bestialité rejetée par les animaux eux-mêmes, quand ils sont intimement liés à la société humaine. Une bestialité qui peut mener à la violence la plus insupportable après qu’elle a été jugée et traitée tout aussi violemment par la société humaine. Une bestialité qui rend ultra-sensible aux travers de ses concitoyens et qui aide à améliorer la société humaine. Une bestialité que certains tolèrent et même acceptent, parce qu’ils ont appris à être des gens de bien dans le cadre fixé par la société humaine.
Une bestialité qui rapproche aussi de la nature dans ce qu’elle a de plus beau. Le film offre tout une série de moment d’une rare beauté :
des doigts qui s’enfoncent dans la fourrure d’un grand orignal, ou dans la mousse perlée d’humidité. Le museau craintif et curieux d’un renard face à un bipède étrange. Des corps nus, pas si laids que ça finalement, qui courent follement dans les bois dorés.
La réflexion sur le genre,
où le masculin est pourvu d’un vagin et porte des enfants, et où le féminin, doté d’un pénis, pénètre et féconde,
est évidemment très intéressante et pousse à la remise en question.
Mais malgré toute cette inventivité, cette beauté et cette intelligence, je suis sortie de là égarée, un peu nauséeuse. Et je n’ai décidément pas envie de revoir Border.