J'adore la Suède. Si je devais partir de France, j'irais probablement vivre à Stockholm. Et plus encore que la Suède en elle-même, c'est sa culture que j'aime tant. Troisième exportateur mondial de musique, beaucoup d'auteurs à succès et un style souvent froid et minimaliste.
En 2009 est sorti un film suédois qui allait changer ma vie et est toujours mon préféré depuis : Morse, adapté du roman de John Ajvide Lindqvist. Et qui reste le meilleur film de vampire de ces 30 dernières années.
Alors quand j'ai su que Lindqvist allait à nouveau être adapté au cinéma, mon premier film de l'année était une évidence.
À la douane du port de Stockholm, Tina passe ses journées à déceler les articles de contrefaçon, les personnes suspectes et les drogues. Et pour cause, elle a un excellent odorat. Un jour elle croise Vore, un homme trappu, large et étrange qui lui ressemble. L'homme l'intrigue, et Tina tente de mieux le connaitre.
Le film suit donc les actions de Tina, sa relation avec Vore, flirtant avec le fantastique durant la première moitié avant d'y plonger totalement. On retrouve dans le scenario des points qui rappellent beaucoup Morse : deux personnages très semblables, une forte tension sexuelle ou amoureuse, des faits divers macabres qui semblent liés à un des deux personnages, du folklore scandinave et... des changements de sexe. Soit.
La progression est lente, parfois un peu trop. Le film n'est pas extrèmement long mais peine un peu à assembler les différents éléments du scenario. Sentiment renforcé par la BO certes quasi parfaite, et que n'aurait pas renié Cult of Luna, mais minimaliste.
Cette propension à refuser le storytelling pour se borner à certains moments dans le contemplatif est d'autant plus dommage que, à tous les moments où le film penche vers le fantastique, il le fait à merveille, allant jusqu'au bout de ses choix, assumant sa nature froide et crue, installant une atmosphère onirique, à la frontière du cauchemardesque.
Pour ça, la réalisation alterne des plans serrés, mettant en avant l'étrangeté du personnage que Tina découvre, avec des plans larges sur les deux protagonistes, comme d'étranges créatures que l'on espionnerait entre les arbres de la forêt suédoise. Ceci donne lieu à de très belles séquences de nature, magnifiant les bois de pins de Tyresta.
Il faut également citer les performances des deux acteurs principaux, ainsi que, et surtout, de l'incroyable travail sur les prothèses de visages. Je vous laisse regarder les acteurs et leurs personnages respectifs, qui sont à peine reconnaissables.
Au final, bien que Border souffre un peu de la comparaison avec son grand frère, Morse, dont il partage l'auteur d'origine, il est un film original et inhabituel. Bien qu'un peu trop contemplatif parfois, Border est une plongée atypique, froide et délicieusement sombre, dans les légendes des belles forêts de Suède. Assumant son scenario jusqu'au bout, réussissant à demeurer imprévisible, il y a fort à parier qu'il restera un des films ovni de 2019. À ne pas manquer pour les mordus de fantastique.