Le film "Borgo" de Stéphane Demoustier, avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly et Florence Loiret Caille, propose une plongée intense dans le milieu carcéral à travers le prisme d'une surveillante pénitentiaire, Melissa, incarnée par Hafsia Herzi. Âgée de 32 ans et forte d'une expérience significative, Melissa déménage en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari, cherchant un nouveau départ. Elle rejoint un centre pénitentiaire qui détonne par son fonctionnement atypique : la rumeur veut que ce soient les prisonniers qui surveillent les gardiens, renversant ainsi la dynamique habituelle de pouvoir.
La singularité de ce lieu se révèle à travers l'intégration de Melissa, facilitée par Saveriu, un jeune détenu influent qui la prend sous son aile. Cette protection, cependant, ne vient pas sans prix. La sortie de prison de Saveriu marque le début d'une relation complexe entre lui et Melissa, lorsqu'il lui demande un service qui déclenche une série d'événements troubles, mettant en lumière les liens ambigus et parfois dangereux qui peuvent se tisser entre les gardiens et les détenus.
"Borgo" se distingue par sa capacité à explorer les nuances de ces interactions, tout en questionnant les notions de pouvoir, de protection et de dette morale. La performance d'Hafsia Herzi est centrale, capturant avec finesse la complexité de son personnage, partagé entre son rôle professionnel et les affaires personnelles qui commencent à empiéter sur sa vie. La mise en scène de Demoustier, soutenue par une photographie qui saisit à la fois la beauté rude de la Corse et l'atmosphère oppressante de la prison, contribue à créer un thriller psychologique captivant.
Ce film s'inscrit dans une tradition de cinéma français qui n'hésite pas à aborder des sujets sociaux profonds avec une approche réaliste et nuancée, offrant ainsi un regard frais sur le système pénitentiaire et les dilemmes éthiques auxquels sont confrontés ceux qui y travaillent. "Borgo" invite le spectateur à réfléchir sur la complexité des relations humaines dans un contexte où les frontières entre le bien et le mal, le surveillant et le surveillé, sont constamment brouillées.