Lire la critique complète du Huzar sur le toit : https://lehuzarsurletoit.substack.com/p/borgo-comprendre-ses-raisons-sans
Mélissa distribue des cigarettes à quelques détenus. Ils entonnent en son honneur la chanson Mélissa de Julien Clerc, transposée en corse. La « matonne » passe de cellule en cellule, un humble sourire au coin, tandis que le chant l’accompagne, repris par l’ensemble de la prison. Le tout est filmé en plan-séquence, avec simplicité, sans esbroufe. On est alors au milieu du film et il est déjà clair depuis longtemps que Borgo marque l’affirmation d’un grand cinéaste. (...)
Le personnage, traversé par des sentiments divers et restant jusqu’au bout mystérieux, est incarné avec force par Hafsia Herzi. Mélissa est paradoxalement plus à l’aise au sein de la prison que sur l’île où s’impose un sentiment d’enfermement car ici « tout se sait » et « on n’oublie personne ». Le scénario est parfaitement charpenté avec la mise en place subtile d’un engrenage faisant glisser la surveillante humaniste vers la transgression de la loi. Ces qualités narratives sont renforcées par une mise en scène précise et jamais démonstrative. La caméra de Demoustier capte de façon remarquable les spécificités du système carcéral corse. Les plans-séquence introductifs immergent le spectateur dans la prison de Borgo, qui fonctionne selon un « régime ouvert » avec une libre circulation des détenus hors de leurs cellules en journée. (...)