Rigueur et précision semblent définir le geste artistique de Stéphane Demoustier, avec en trajectoire thématique la dissolution des frontières entre le bien et le mal, entre vérité et mensonge. Borgo applique à la lettre ce brouillage des repères au sein d’un microcosme insulaire qui le réfléchit, invalidant la distinction entre vie publique et vie privée, saccageant la déontologie et les manuels qui la circonscrivent – en témoigne l’aveu dernier lors duquel Melissa reconnaît ne plus se souvenir du règlement – de façon à représenter les assauts à la fois libertaires de l’individu et indépendantistes de la Corse, lieu commun que l’on retrouve par exemple dans I Comete (Pascal Tagnati, 2021). Si l’entrelacs de deux arcs narratifs porteurs chacun d’un point de vue opposé demeure artificiel, l’intrigue policière traitée comme un polar s’intégrant mal à la brutalité documentaire du quotidien de la prison pour hommes ou femmes, reconnaissons l’acuité d’une œuvre qui prend le temps de poser ses situations et qui offre à ses comédiens un espace de jeu à la hauteur de leur talent. Une réussite.