Bouge pas, meurs, ressuscite par Milos
Un titre attirant, un cinéma (russe) que je connais très peu, une synopsis qui donne envie... rien de mieux pour me pousser à voir "Bouge pas, meurs, ressuscite". Entre documentaire et film autobiographique, le film nous mène dans une partie de la Russie peu attirante : l'Extrême-Orient russe.
Valerka, garçon de douze ans, et Galia, plus grande, vivent dans un de ces villages miséreux où on ne vit que par le travail de mineur et où les seules distractions sont les bals pathétiques du centre culturel. Un décor pitoyable, triste, parfait. On vit dans des chambres qui ressemblent à des boites de conserve en bois, on marche dans la boue et la neige, on s'habille de guenilles... Exactement ce qu'on peut imaginer lorsqu'on entend le nom Soutchan. (Nom de la ville, devenu Partizansk en 1972)
Excellent environnement pour les deux préadolescents qui essayent de survivre de mieux qu'ils peuvent. Est-ce que les acteurs jouent bien ? Je dirais plutôt qu'on a la vive (et peut-être vraie ?) impression qu'ils jouent tous leur propre rôle. Que ce soit la mère, le "maire" du village, les travailleurs... Tous très vrais, crus, servis sans aucun embellissements, dans une laideur pathétique.
Peu de musique aussi à part les chansons un peu grivoises que chantent certains personnages, peu de véritable action, aussi. On n'a pas de réel plan : Mise en situation, Développement, Fin. C'est comme si Kanevski avait juste filmé des journées, sans but. Je n'ai pas vu de "message". Il y a la pauvreté, le manque de culture, d'éducation, certes. Mais on est en 1947 et on ne cherche pas notre pitié. Absolument pas d'ailleurs. Si certains personnages montrent l'horreur de leur vie, Valerka et Galia survivre par leurs propres moyens. Ce ne sont pas des héros non plus, ils sont même d'une grande banalité. Pourtant, on s'attache un peu à eux, à leur langue étrange (vive le russe !), à leur quotidien.
Malgré l'absence de couleurs (le film étant en noir et blanc), on imagine facilement les nuances qu'auraient eu les paysages. Même en couleurs, cela aurait été plus gris qu'autre chose.
Si je considère "Bouge pas, meurs, ressuscite" comme un très bon film, c'est en me basant sur une totale absence d'objectivité. Un autre film, avec les mêmes points (Noir et blanc, peu de musique, pas vraiment d'action...) m'aurait ennuyée. Ca n'a pas été le cas avec celui-ci, bien au contraire.
J'aurais donné 8 mais la fin est trop bâclée à mon goût, faisant presque honte au reste.