Un film avec Robin Williams en tête d'affiche, cela ne se refuse pas. L'oeuvre date de 2014, il ne s'agit donc pas de son dernier film, cela reste La Nuit au musée : Le secret des pharaons. Il aura fallu attendre deux ans pour le voir dans nos salles, pas que cela soit un film incontournable, mais la performance de cet immense acteur vaut le détour.


Nolan (Robin Williams) est un homme sans histoire. Il est toujours marié à son amour de jeunesse Joy (Kathy Baker) et travaille dans la même banque depuis 25 ans. Sa vie s'écoule doucement, jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre du jeune prostitué Leo (Roberto Aguire), qui tapine sur le boulevard. Cette relation va réveiller de vieilles blessures et chambouler son avenir.


C'est émouvant de voir Robin Williams sur grand écran, alors que son décès semble récent. Il m'a accompagné toute ma vie dans les salles obscures de son premier film Popeye (dont je n'ai aucun souvenir, vraiment très jeune à cette époque), à ce film. Cela couvre 36 ans de ma vie, dont Good Morning Vietman reste un de mes plus grands souvenirs cinématographique. Étonnamment, il a toujours été qualifié d'acteur comique, surement à cause de sa propension à tourner en dérision la moindre de ses interviews, alors que ses rôles étaient plus complexes. Dans le film cité précédemment, il montrait déjà une humanité à travers son visage. C'est ce que j'ai toujours vu en lui, derrière ses imitations et rires, il y a ce regard triste comme si une brisure s'était faite en lui depuis son enfance. On l'aperçoit dans ce film, on sent son mal être avec cette impression de refouler en lui ses sentiments. Son personnage semble lui ressembler avec toujours cette faculté de vouloir détourner les sujets difficiles en tentant de faire rire ses interlocuteurs. Même s'il est plus en retenu dans ce drame, avec son costume de mari et d'employé modèle.


Une oeuvre pudique. Le couple Robin Williams et Kathy Baker est émouvant, on voit bien qu'ils sont amoureux, même s'ils font chambre à part. Les gestes sont tendres, tout comme les petites attentions avec cette même passion pour les films étrangers. Ils auraient pu continuer cette vie jusqu'à ce que l'un d'eux quitte cette terre, mais le hasard fait parfois les choses à sa manière. Ce boulevard va changer la donne, tout comme le décès de sa mère et l'état critique de son père. Sa rencontre avec Roberto Aguire lui servira de déclic, même si chacun n'a pas les mêmes attentes envers l'autre. En remettant en cause sa vie, il montre aussi qu'à 60 ans, on peut encore avoir un avenir différent et que rien n'est jamais vraiment fini. Le message est optimiste, même si le film est dramatique.


Robin Williams porte le film. La réalisation de Dito Montiel ne transcende pas cette histoire, en se contentant de filmer les événements sans lui permettre d'atteindre une immense dimension dramatique. C'est à l'image de la lumière, belle mais vaine. Kathy Baker est impeccable, elle aussi toute en retenue, ne voulant pas détruire son mariage en évitant d'aborder le sujet. Roberto Aguire n'est pas à leur hauteur et ne semble pas à sa place face au talent de Robin. On sent la complicité et l'amour qui unit Robin et Kathy, mais pas celle entre Roberto et Robin, alors que ce dernier continue d'étaler son talent et sa douleur dans tout les plans.


Un film mineur pour un acteur majeur. Sa filmographie est si dense, qu'on oubliera cette oeuvre et on pourra se replonger dans Le cercle des poètes disparus, Jumanji, Will Hunting, Photo Obsession etc.... Une légende ne meurt jamais et Robin Williams fait parti de celles-ci.

easy2fly
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le 27 mai 2016

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Laurent Doe

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