Jolie surprise que ce titre oublié des early eighties, à condition d'avoir comme moi un penchant pour le cinéma français de ces années-là, qui m'évoque mon enfance - ce sont les premiers films que je voyais à la télévision. Dans le cas contraire, "Boulevard des assassins" apparaîtra sans doute comme un film moyen, impersonnel et assez mou.
On est entre la chronique provinciale à la Chabrol, le polar "politique" à la Boisset, et le néo-noir à l'américaine (la voix-off, le récit en flashback..,), avec en prime une touche de thriller paranoïaque type "The Parallax View" ou "The Conversation" (cf les bandes magnétiques).
Le pitch : un écrivain parisien mène une enquête solitaire au sein d'une ville du sud de la France, rangée derrière son puissant maire aux pratiques douteuses.
La bande originale inquiétante signée Jacques Loussier - compositeur plus habitué aux génériques de séries télévisées - contribue efficacement à cette atmosphère oppressante.
Le producteur Alain Terzian a décidé d'adapter un roman à clés de Max Gallo, inspiré des magouilles de la municipalité niçoise dirigée à l'époque par Jacques Médecin. Terzian confie la réalisation au cambodgien Boramy Tioulong, dont ce sera la seule expérience au cinéma.
Prudemment, le tournage aura lieu dans une ville voisine de la Côte d'Azur - Hyères - dont les décors naturels sont sublimés par la très belle photo de William Lubtchansky.
Si l'ambiance m'a semblé très réussie, il faut reconnaître que le scénario comporte quelques maladresses, et manque d'un ou deux rebondissements majeurs pour sortir le film d'une certaine torpeur - accentuée par la mise en scène mollassonne de Tioulong.
Heureusement, "Boulevard des assassins" bénéficie d'un casting de premier plan, à commencer par Jean-Louis Trintignant et Victor Lanoux, bien secondés par Marie-France Pisier et Stéphane Audran, et par une foule de seconds rôles bien choisis.
Pour ma part j'ai passé un bon moment...