Boulevard du crépuscule par Anilegna

Billy Wilder, grand réalisateur devant l'éternel, nous propose ici un pur chef d'oeuvre, je n'ai pas peur de l'affirmer.

Un film noir, sombre et désespéré sur l'être humain et la machine hollywoodienne.

Joe Gillis est un scénariste sans succès à Los Angeles. Il rencontre par hasard l'ancienne star du muet Norma Desmond qui vit, assez confortablement, dans un manoir au décors tout droit sorti d'une extravaganza de 1919. Avec elle son majordome psychotiquement dévoué, Max.

Norma va mettre le grappin sur le beau jeune homme et lui va se couler dans le rôle de gigolo sans sourciller. Jusqu'au moment où il va enfin avoir une bonne idée de scénario et travailler avec la jeune, fraiche et innocente Betty. Cela ne va pas finir bien. C'est d'autant plus clair que le film s'ouvre sur un corps flottant dans une piscine.

Gloria Swanson, elle-même mega-star du met, incarne Norma Desmond à la perfection. C'est presque une mise en abime tant le personnage est proche, en tout cas, leur passé. En effet, Swanson, si elle n'avait pas non plus réussit sa transition au parlant, avait tourné sainement la page et tournait pour la télé et la radio (ironiquement). Elle infuse Norma de tout son talent hors gabarit : les grand yeux, la théâtralité, les gestes grandiloqents. Elle prouve que le cinéma parlant a fait une erreur en ne lui donnant pas une carrière!

William Holden, lui aussi dans un creux après la seconde guerre mondiale, trouve ici l'un de ses meilleurs rôles et l'interprète brillamment, tout en veulerie et une bonne dose d'innocence aussi.

Eric Von Stroheim, maître de la présence inquiétante mais noble, incarne Max le majordome dévoué à l'extrême (avec un petit twist en prime, bien glauque).

Le reste du casting, y compris des guests 5 étoiles comme Buster Keaton en joueur de bridge clairement une étoile éteinte comme Norma, Hedda Hopper dans son propre rôle de cancanière et bien sûr Cecil B DeMille pour un final légendaire.

Billy Wilder utilise à merveille le noir et blanc, les ombres, comme dans un film muet, pour transmettre l'ambiance.

Le visuel du film est somptueux et le jeu des acteurs impeccables et pour certains inspirés.

Une merveille sur Hollywood, ses travers et ses côtés sordides, sans jugement et sans aigreur.