D'habitude, Hollywood n'est pas très tendre avec elle-même. Ca donne des films parfois drôle, souvent dramatique. Mais aucun n'atteint l'intensité dramatique, la violence, l'impressionnante qualité de cette merveille. De plus, Boulevard du Crépuscule a influencé des générations de cinéastes, de Scorsese aux frères Coen.
Le drame de cette actrice, jadis star, désormais abandonnée de tous, recluse dans son manoir (qui ressemble au château de Dracula) avec son homme à tout faire, l'esprit toujours emprisonné dans ses rêves de gloire, coupée de la réalité et sombrant dans sa folie, est à la limite de l'insupportable. La scène où elle joue avec d'autres gloires fanées (dont Buster Keaton), toutes quasiment momifiées, est significative. La présence d'Erich von Stroheim, immense cinéaste rejeté car trop indépendant, en dit long également sur les intentions de Wilder.
L'utilisation du noir et blanc est remarquable. Les ombres sont omniprésentes. Les cadrages jouent sur l'aspect baroque de l'histoire, permettant une exacerbation des sentiments qui mène à ce final inoubliable.
Un film marquant, terrible. Un chef d'œuvre.