Cette boum sur Paris est une belle curiosité mais aussi un bon exemple : il ne suffit pas de mettre toute une flopée de stars dans un film pour qu'il soit bon. Même en 1954.
Boum sur Paris est un instantané de la vie culturelle de la France de cette époque. Ce n'est pas la France des petits gens de René Clair à la même époque, mais celle à paillettes. Le scénario n'est qu'un prétexte. Pensez donc, une parfumerie développe un explosif secret pour le gouvernement. Cette menace explosive se retrouve dans un flacon qui, de mains en mains, va se retrouver dans tous les beaux lieux de l'époque. Du Moulin rouge au cabaret d'Edith Piaf, en finissant par Evian-les-bains. Les péripéties en jeu amèneront aussi les personnages à la kermesse des étoiles, une gigantesque fête foraine d'après-guerre où les célébrités se retrouvaient pour rencontrer le public et dédicacer.
Les rebondissements vaudevillesques s’enchaînent sans grande recherche de crédibilité pour alterner ces prestigieux lieux et surtout pour rencontrer le plus de célébrités possibles. Les chanteurs sont au premier plan, certains ayant droit à leur petit numéro chanté, tels que Annie Cordy, Charles Trenet, Les 4 Barbus, Juliette Gréco ou Mouloudji. Certains d'entre eux ont des rôles plus importants dans le scénario, à l’image de Jacques Pills ou Edith Piaf. D'autres célébrités font des apparitions, telles que Gary Cooper, Jean Marais ou Line Renaud, tandis que d'autres jouent des rôles plus importants, tels que Jean Nohain, animateur, ou Al Cabrol, catcheur de l'époque, dans l’avancée de l’histoire. Si on peut trouver quelques acteurs et actrices plus traditionnels, le film est avant tout un prétexte pour réunir un grand nombre de personnalités du spectacle, souvent dans leurs propres rôles.
Du bon gros lâcher de noms, suffisant pour remplir une affiche. D'autres sont volontairement oubliés dans cette énumération, ils n’ont pas connu la même postérité. Mais s'il fallait parler de la qualité du jeu d'acteurs, il faudrait éviter le sujet d'un petit sifflement innocent.
Car il est évident que Boum sur Paris n'a pas beaucoup de prétentions, que la face du cinéma ne s'en est pas retrouvé changé. D'ailleurs qui connaît encore le film ? Mais c'est peut-être parce qu'il est fait sans grande ambition cinématographique qu'il a ce côté charmant, désuet. Il a pour lui son casting, certes rempli de gens qui ne parleront plus à grand monde. Des fantômes d’une autre époque. Mais cette joyeuse assemblé réunit acteurs, chanteurs, animateurs, et même un catcheur, il ne s'agit pas que d'un milieu, d'un entre-soi. Le cynisme habituel d'une telle production semble écarté. Par quel miracle ? Tous sont rassemblés pour une histoire qui n'est qu'un vague fil rouge mais avec un certain entrain, entrecoupé de numéros chantés joyeux.
Boum sur Paris semble parfois improvisé, inconstant, mais c’est un film gai, où chacun semble s’amuser. Une petite pilule de légèreté bienheureuse ou de la poudre aux yeux, au choix.