Bon, Bowling for columbine est un film que j’appréhendais. Je l’avais déjà vu il y a un certain temps, temps où je n’avais pas vraiment d’avis sur les questions posées et détaillées dans l’œuvre. Je me souviens juste d’avoir été plutôt choqué ou même traumatisé par ce documentaire et le sujet qu’il mettait sur la table. Par ailleurs j’avais intériorisé une certaine supercherie États-Uniennes, ces derniers qui sont tout de même la 1re puissance mondiale. Le film démonte ça et montre d’avantage une Amérique post-columbine, sous le coup du sous-développement des états minoritaires, non-côtiers. J’éprouvais donc un certain détachement vis à vis des étés unis et de sa culture (non-culture?) et tout cela est compréhensible au vue de ce que constitue l’œuvre de Michael Moore…
Tout d’abord, avant le visionnage j’avais une impression que Moore était un personnage décrié notamment autour des ses œuvres pour sa façon de prendre parti et de ses méthodes d’argumentation et de preuves assez douteuses. En effet, ce documentaire est une œuvre positionné et pour critiquer ce film j’ai du mettre de côté mes affects politiques assez proches finalement de ce discours épidictique que produit Moore. Pour cela revenons à la base, et parlons de la force d’un documentaire. Le documentaire ne constitue pas en soit toutes les volontés d’un réalisateur car il n’est pas en capacité d’affecter sur tout les comportements et mœurs que les différents caractères emploient lorsqu’il utilise sa caméra, du moins il décide de ce qu’il pioche comme discours et extrait. Dans une documentaire comme ce dernier, la force va résider pour moi dans la façon dont les personnages États-Uniens qui constituent le sujet global, que ce soit le père de famille dévasté de la mort de son fils dans une fusillade, du patron libéral d’une usine à armes, du créateur de bombe illicite dans sa ferme ou bien même du shérif d’une ville, tous ont une légitimité et une idéologie/pensée qui peut se retranscrire dans l’acte de disserter sur des questions simples de Moore. On peut bien se synthétiser leurs pensées et plus particulièrement celles de l’Amérique profonde et global. Il faut laisser la pureté transparaître pour avoir un point de vue objectif sur les situations. Les invités sont divers et ont une crédibilité. Alors oui, ces passages sont bons et les témoignages sont bien évidemment intéressant et incontestablement affirmatif d’une situation. Là où je trouve ça plutôt remarquable et lorsque l’on peut repérer des tics de langage qui enfaite sont encrés dans la mentalité américaine et qui émane de ces derniers. Comme exemple il y a l’homme qui a perdu son fils dans columbine, qui ne peut pas s’empêcher de préciser «dans les pays libres» qui à mes yeux témoignent d’une certaine mentalité occidentale, et cela est fait et dit naturellement, c’est subtile on ne surligne pas car nous intervenons pas dans le discours.
Je vais ré-entamer par un autre exemple, celui de la fabrique d’arme de guerre et de la question de Moore sur un potentiel lien avec les fusillades et que le contremaître, lui réponde que les armes sont uniquement faite pour rétablir un ordre sain et moral dans les pays (grosso modo). C’est intéressant car cela découle de cette mentalité justement des «pays libres» qui finalement affirme une certaine mentalité coloniale assez néfaste au final. Tout cela aurait marcher si Moore n’avait pas décider de nous surligner cela avec un montage des exploits contemporains des États-Unis. Certes pour qui que ce soit qui n’aime pas ce pays c’est une compilation qui offre une jouissance sans bornes mais d’un point de vue de subtilité, sérieux c’est balourd, on avait compris que c’était paradoxale comme mentalité (avec la musique en plus). En fait, c’est symptomatique de l’œuvre d’où les critiques, par moment. Par exemple, et cela vient faire antithèse avec ce que j’ai pu dire en amont, Moore pose systématiquement des questions ultra basées et positionnées, qui ne servent à rien, pour bien affirmer que les États-Uniens sont bêtes, alors qu’en fait tel que je l’ai affirmé, cela se remarque facilement juste avec les petites choses dissimulées dans la pensée des divers personnages interrogés. Des exemples assez grossiers comme la question sur Gandhi ou bien avec le montage lorsqu’il entre-coupe ce que dit l’homme placé sur liste noir d’un lycée après un attentat par des coups de fusil sur un jeu, franchement on l’avait.
Le montage en fait, c’est aussi ça le problème. C’est court, c’est rapide, c’est dur en fait. Ça va trop vite, le début du film et ce jusqu’au milieu est boosté, les séquences et les arguments s’enchaînent tellement vite qu’on en est asphyxiés et qu’on ne peut pas disserter tranquillement sur la thèse appuyée, et donc se faire notre propre idée tranquillement sur le sujet. On séquestre ma pensée, et ça je n’aime pas. Le montage officie aussi lorsque Moore affiche des écriteaux bêtes qui visent à me justifier ce que je comprends plutôt simplement. Il faut un tout calme pour bien disserter et laisser le camp adverse parler. Montrer la dialectique du camp conservateur face aux autres. Comme avec le bon extrait où apparaît Marilyn Manson car son discours est nuancé par celui des réactionnaires faisant un meeting au même moment. Le film est bon lorsqu’il se calme, pose le débat, les arguments et laisse le camp adverse parler. Malheureusement cela se produit mais pas de manière systématique. C’est dommage car cela aurait pu bien affirmer une thèse qui m’est parvenu durant le visionnage, celui que les Américains sont d’un point de vue philosophique une peuple assez idéaliste et qui fonctionne la plupart du temps sur la raison pure. Tout cela me met en positon de citer un bonne exemple, assez similaire thématiquement à Moore grâce à l’exemple du génial Wang Bing, qui lui aussi a filmer les ébats fulgurants de son pays au XXème siècle au détour de différentes documentaires. Mais lui c’est le bonne exemple de ce que j’énonce, il officie dans des tons calmes, argumentatifs et engagés. Il sait étirer ses documentaires, et par conséquent appuyer sa thèse matérialiste (philo).
Au final, la fin m’a un peu laissé sur ma faim, la musique prend de la place et les arguments défilent et omettent de plus en plus ceux du camp adverse. On tombe rapidement dans le film de propagande. Si je suis plutôt bienveillant, c’est parce qu’on correspond à mes idées dans ce film. Malgré tout, j’aurais plein d’objections comme pour les arguments à propos de la violence dans l’histoire qui est tellement plus complexe et qui est aborder avec trop de simplicité. Ou bien la thèse des médias qui mériteraient d’être plus étoffée et plus partagé avec d’autres causes pourtant énoncés.
Pour conclure, je ne suis pas offensif envers Moore qui est souvent décrié de manière immodérée et je trouve cela indue, car malgré tout il n’est pas bête, seulement il faut se nuancer et surtout il faut…
regarder du Wang Bing !