The Brutalist
7.3
The Brutalist

Film de Brady Corbet (2024)

Je vais sûrement être bref sur ce film. L’ayant vu il y’a quelque jours mes souvenirs sont nébuleux mais je vais exposer ce qui m’a paru le mieux, du moins ce dont je me souviens. Donc je vais aborder la première partie car elle m’est là moins tolérable. D’abord, ce que j’exècre au cinéma, avant la sur-performance de l’acteur, c’est celle du cinéaste.


En effet, nous pouvons parler d’un film de sûr-performance de cas-précis. Cela débute dès la scène d’introduction, qui se caractérise par une musique assourdissante condensé à la voix off condensé à la mise en scène qui fait des gestes et des gestes en permanence. Le problème et les deux première données qui nuisent à ma visualisation simple des mouvementés alambiqués de caméras. Surtout que la voix off n’avait pas d’intérêt propre, tant son contenu est dissimulé dans la suite du film au détour des dialogues. Donc finalement cette scène est symptomatique des défauts de cette scène ; on y décèle une musique trop présente et surtout un concours de «c’est qui qu’aura le lion d’or pour la mise de scène de ouf cette année» cela a la don de m’irriter franchement. Par conséquent le film se stylise et s’affranchit du réel par moment, tandis qu’il devrait faire le chemin contraire par ses thématiques abordées. Je vais prendre comme exemple la scène chez les prostitués en arrivant New York où je suis pas sûr qu’une cargaison de migrant juif arrivant chez l’es prostitués, dans un quartier malfamé se fasse accueillir comme des chefs, sous ambiance petit hammam, lumière jaune ça ken tranquillou. Et c’est là que Corbet effleure le réel puisqu’il effleure la thématique du sexe pour un homme et de la contrainte que ça a dut être pour lui en camp et la précarité que cela va engendrer en tant que migrant pauvre loin de sa femme. C’est ça à peu près tout le temps dans cette œuvre. Si on ressasse le chemin de Lazslo, toute son aventure en tant qu’ouvrier n’a rien de très marquant pour le spectateur, on ne représente pas assez matériellement la douleur qui veut le pousser à s’élever socialement pour finalement voir qu’il se trompe. C’est ici que le film s’arrête d’effectuer un matérialisme cinématographique puisque le spectateur ne peut pas se représenter les schémas mécaniques qui poussent Lazslo à commettre certaines actes, comme celui de se tromper en désirant évoluer socialement. Donc il y’a deux scènes par rapport à cela. Celle de le grue dans le grand tas de charbon, qui ne montre matériellement pas la difficulté qu’est d’être sur une grue puisque nous avons de simples plans sur le dos de Brody. On aurait pu évoquer qu’il y’a un vide dans le plan affirmant une mise en danger probable des ouvriers. Pareil pour l’énorme tas de charbon qui est juste un élément à bas mots, obsolète et en hyperbolisant un chouya, un élément limite de décoration, c’est presque beau quoi. Alors que je pense que c’est une calamité de se trimballer soi-même dans une montagne de charbon, mais ici ça ne l’est pas. Comme dernier exemple je peux parler de la scène de prise d’héroïne dans les toilettes qui, pareil ne démontre pas la violence à même la chose, de manière cru. Elle est presque que cacher par un floutage de l’arrière qui s’achève en gros plan sur Brody qui donc ne laisse pas voir une scène de prise de drogue.


 Nous sommes sur un film qui est structuré par un point plus pertinent que ce que je pensais : son entracte. En effet, ce dernier constitue la pièce qui fait basculer le film. Je l’ai pris pour un effet de style au début du film et mon avis était le même jusqu’à la fin de la première partie par la faute des éléments que j’ai énoncé précédemment. J’ai pensé que cela me sortirai de l’histoire déjà que je n’étais encrée dans aucune réalité, et finalement je pense que c’est une manœuvre très intéressante qui a pu faire basculer mon avis d’une manière positive. Ce deuxième acte est donc réussi car il s’anime sur une dynamique représenté par ses 3 scènes, de 3 blocs distincts. La première est celle en Italie où se produit un première événement, la seconde celle de l’overdose et la dernière est celle de l’aveu. Ces scènes vont être reliés par un point sur-important, la mise en scène change et Corbet décide de ne plus nous faire le jeu de celui qui fera la meilleure performance avec une caméra. Chacune trouve une sobriété et acte des éléments cruciaux donnant un sens, une symbolique, une profondeur au film qui me parfaisait factice jusque-là. Ce déclic s’est produit sur la scène de l’overdose qui dépeint à merveille la thèse de la «race juive». C’est ici qu’on en parle le mieux et que l’on arrive à bien dépeindre l’hypocrisie américaine. Une hypocrisie qui se dresse plutôt subtilement dans le reste de la partie, comme la continuité de l’anti sémitisme connu précédemment dans l’histoire. Ici on joue au bon juif et on est censé être soumis par rapport au nouvelle forme de rapport de force, ceux du capitalisme subit par Laszlo ou Erzebet qui devront se dresser pour être tolérés. Donc voilà je l’ai aussi peut être plus apprécier pour son côté pessimiste sur le rêve américain. Revenons-en à la scène, qui finalement fout en l’air les normes puisque la race juive impure se réfugie dans les vices qui pourront lui être asséné et que les américains (bourgeois) s’efforceront de leur coller, en les stigmatisant. Ça c’est fabuleusement bien montré, on voit la manière de se réfugier hâtivement dans le sexe, la colère et finalement la drogue. Le cocktail parfait pour justifier l’intolérance. Cette scène se caractérise donc par un modèle sobre qui ne tend pas à dire cela, mais juste à démontrer ce schéma à la suite de discours (certes explicites) induisant une impureté. La non-présence de musique assure que c’est uniquement le spectateur qui définira moralement les actions des mariés. Condensé à la démonstration crue faite des scènes de sexes et de prises de drogues permettent bien de se représenter les souffrances mais aussi l’amour, sans les styliser comme dans la première partie. Donc cette scène et une déclic dans le film qui va alimenter le reste de la seconde partie, qui continue avec la scène où Erzebet condamne le viol de Harrisson. Cette scène se fait encore une fois sans musique et c’est surtout l’agencement des scènes qui crée réellement un aspect de confusion magique. Peut-être suis-je bête mais cela m’est apparue comme un réel choc en l’apprenant, grâce au choix subtil de ne pas le re-évoquer par des mots. Et puis cela fait revivre la scène du viol justement qui est la troisième pièce majeure du film à laquelle j’étais légèrement indifférent. Cela la revalorise et met en lumière sa subtilité. Un plan fixe dans l’ombre peut révéler un tas d’autres choses et agir comme un coup de massue alors que l’on était témoin de cette scène. Nous ressentons la même douleur de cette révélation que celle de Erzebet. Pourtant, nous étions présent nous avons tous vu, nous spectateurs. La subtilité fut telle qu’elle fonctionna sur moi et qu’un simple plan fixe sur deux personnages tapis dans l’ombre réussi à me perturber. Et c’est peut être ça aussi le cinéma, c’est qu’il exprime un matérialisme, et par conséquent, les scènes se répondent et s’alimentent entre elles. 


Donc vous l’aurez compris, pas un mauvais film, seulement une première partie qui me laisse totalement indifférent et une seconde qui sauve le tout de justesse pas une preuve de nuance qui affiche de bons éléments pour un cinéaste, qui me pousse à encourager l’auteur.

PachaPitou
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il y a 4 jours

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