Purée j’ai presque honte de le dire, mais c’est du bon. Du mieux. Après Infernal affairs me voilà ici, déçu de l’opus Hong Kongais. Je voulais mieux, mieux comprendre le traitement de ce scénario ma foi plutôt envoûtant. Au vue de ma déception lors du visionnage de l’original, qui fut pour moi un film sans réel position; j’étais en permanence sur le questionnement du lard ou du cochon. Je l’ai trouvé confus sur la durée, et en fait je trouve indigne de le dire, mais le film ne se pose pas, et par moment il faut un peu d’explication du propos.
Les infiltrés est certes un film qui parfois en dit trop, faisant perdre en nuance, mais est par conséquent moins plat. Là où se trompe I.A c’est dans son rythme ne laissant pas le temps de développement aux deux camps de protagonistes et principalement de la triade (beaucoup plus développé dans sa suite). Le tout fait éclore pourtant une volonté de montrer le caractère usé/vidé des deux protagonistes dût à un mode de vie éprouvant, et je trouve ça complètement raté. En fait le début, le prologue où l’on introduit les taupes et leurs formations sont biens mis en scène par Andrew Lau et Alan Mak, mais très dense, ce qui fait que lorsque le film est censé mettre un peu plus en valeur l’aspect psychologique qu’il semble désirer, et bien il est très faiblement perceptible voire absent. C’est là que rentre en jeu Scorsese, qui lui va mettre en scène un prologue étant assez similaire, mais comme tout le remake, se posant plus et allongeant les séquences, rendant hélas une explicitation de propos général du film original, mais que je trouve nécessaire. Je préfère cette façon d’opérer. On comprend si c’est du lard ou du cochon. Si le film est un polar ou un film de mafia. En l’occurrence là c’est un polar et l’on sent que c’est assumé. Le principal.
Autrement on peut souligner la capacité musicale que j’ai trouvé beaucoup plus intéressante et mieux géré par Scorsese, où l’on peut certes, observer une omniprésence de cette dernière, mais pas en vain car elle ne dirige pas à une émotion. Que ça soit la tension ou la tristesse, elle n’est pas pointée et explicitée, comme dans Infernal affairs où l’on tombe dans un mélodrame assez pitoyablement illustré, sans grande idées.
Ensuite, la faculté que les Inflitrés à de revendiquer son «nationalisme» est aussi pour moi bien plus intéressante. Connaissant les États-Unis, il est vrai que dans le prologue ou d’autres scènes telles que celle de la transaction avec les Chinois, une redondance se fait ressentir dans le propos de la nation, et surtout à cause de Nicholson qui, livre une performance, bon comment dire… Enfin hors de ce genre de scènes on y perçoit un ADN, et une subtilité tout de même présente lorsque l’on aborde le sujet des USA. Cette identité Irlandaise, la méritocratie…hors de certaines séquences un peu criardes et racoleuses, énormément de dialogues arrive à aborder cela sans trop d’exubérance. Scorsese va donc plus affirmer certains caractères et leur trouver un meilleur sens, je pense à la psy à qui l’ont va ajouter plus de profondeur (la scène de l’enterrement par ailleurs est donc plus émotionnelle car elle est mieux contextualisée) et indirectement plus de complexité psychologique aux deux principaux. Certes, oui le film va créer ce triangle amoureux assez prévisible dans l’ensemble, mais honnêtement, je trouve ça assez passable de commentaire quant au contenu de la relation originale. Et finalement oui, il est vrai que ce récit policier ne trouve pas vraiment d’équilibre entre le trop et le pas assez, lorsqu’on le compare au travers de ces deux films. Je regrette tout de même le jeu et les dialogues du film original, moins américain finalement, car les vannes de Wahlberg sont parables car il s’efface au bout d’un certain temps, mais quand Nicholson prend le relais, avec un jeu à coupé au couteau, je deviens assez intransigeant. C’est là que Eric Tsang et Anthony Wong auraient plus fait l’affaire. Je trouve aussi que le prologue posait assez bien les bases de l’identité et que donc certaines scènes de visites, où les taupes rencardent sur ce qu’elles ont vu ne sont pas, très importantes voire dispensables. Je pense à celle où Costigan retrouve Queenan et Dignam sous le pont par exemple, qui atténue le côté d’appropriation d’une nouvelle identité jusqu’à oublier la vraie, causant des troubles de la personnalité.
En conclusion, un film que je préfère à son original, qui prend son temps, ne se densifie pas, s’étend au gré de créer une fresque étasunienne qui par conséquent se trouve moins subtile et plus explicite, mais beaucoup plus impactante au rendu final.