C’est une histoire qui fait froid dans le dos mais qui n’est finalement guère étonnante. Dans certaines régions des Etats-Unis notamment, des endroits appelés centre de conversion existent. Leur rôle ? Faire rentrer dans le droit chemin des adolescents souffrant de « maux » contraires à une certaine morale et aux croyances religieuses catholiques en place. L’alcoolisme, la délinquance, la pornographie et surtout l’homosexualité. Et c’est ce qui arrive à Jared, dont le père est un prédicateur religieux, lorsqu’est révélée sa préférence pour les hommes. Un récit tiré de faits réels que s’approprie Joel Edgerton pour son second film après l’inédit thriller « The Gift ». Un film plein de promesses, qui fleurait bon le concurrent aux Oscars. Las, on se retrouve devant une œuvre bien tiède au regard du sujet, un thème d’ailleurs déjà traité il y a quelques mois au féminin dans « The miseducation of Cameron Post » avec Chloë Grace Moretz, un film tout aussi moyen.
On a déjà du mal à comprendre les choix de montage faisant alterner les scènes dans le centre de conversion à celles précédant le placement du jeune homme en son sein et les raisons qui ont poussé à cela. Cela a pour effet de rendre la narration quelque peu chaotique et d’annihiler tout début de tension lors des scènes les plus dures dans le centre. Dommage. Ces dernières sont d’ailleurs particulièrement prudes et très peu choquantes. On a du mal à se rendre compte de la dureté que représente un séjour dans un tel endroit avec « Boy Erased ». On déjà tellement vu de films bien plus durs et éprouvants dans de tels contextes (« Dogpound », « Sleepers », …) que celui-ci nous semble être une colonie de vacances, toutes proportions gardées. Pas que la recherche de sensationnel soit obligatoire, mais là c’est très, trop, soft. Quant à l’émotion, elle survient par à-coups mais sans véritablement nous prendre aux tripes. Et il y a des moments longs et plats qui n’aident pas et rendent le long-métrage léthargique.
L’interprétation est bonne mais pas extraordinaire, on a déjà vu tous ces grands acteurs bien mieux employés et le jeune Lucas Hedges et sa moue boudeuse ne restituent pas le panache qu’il avait dans « Manchester by the sea » l’an passé. Mais, malgré tout, la réalisation feutrée de Joel Edgerton, associée à une musique aux accents romanesques étonnants, rendent « Boy Erased » tout à fait regardable et le film sait parfois se montrer intéressant. Notamment dans le dernier quart d’heure, résolument le plus intéressant, qui permet enfin à l’émotion d’éclore justement et de donner un point de vue notable sur le sujet, jusque là seulement démonstratif. On ressort de là un peu déçu par un film trop propre, trop sage et trop lisse qui ne potentialise pas sur les possibilités de ce thème passionnant. Mi-figue, mi-raisin, c’est juste une œuvre classique qui tente de se donner des grands airs et de faire jolie pour la saison des cérémonies.
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