Les films de vengeance en mode castagne non-stop commencent à devenir un sous-genre du cinéma d’action, fortement influencé par la saga « John Wick » ... Comme d’ailleurs quasiment toutes les productions musclées dans ce domaine depuis un certain temps. On l’a encore vu pas plus tard que ce mois-ci avec le très moyen premier film de Dev Patel, « Monkey Man ». Et quand le long-métrage ne se prend pas au sérieux (que ce soit en injectant de l’humour et un aspect méta ou en rendant l’action complètement improbable et délurée ou même les deux), cela enlève une certaine lourdeur ou lassitude envers ce type de productions. Et oui, mais il préciser que le premier film mettant en scène Baba Yaga a déjà dix ans et que depuis ses succédanés n’ont cessé de s’empiler sur grand écran et sur les plateformes de streaming. Dans son aspect vidéo-ludique et dégénéré « Boy kills World » avait tout pour plaire mais malheureusement, il s’avère agaçant, fatigant et lassant. Et tout cela assez vite.
Le script tient assurément sur un ticket de métro tellement il est mince mais ce versant est plutôt assumé. Le réalisateur allemand Moritz Mohr le sait et film en Afrique du Sud (la présence de Sharlto Copley et certains décors nous rappellent d’ailleurs à « District 9 ») une série B qui semble lui servir de démonstration visuelle et technique pour être embauché à Hollywood. Une sorte de CV animé pour montrer ses capacités. Et cela se voit, beaucoup trop. Alors oui les scènes de bastons sont plutôt galvanisantes, généreuses et bien foutues. On pense notamment au combat final, le meilleur moment du film. Mais hormis cela le reste est totalement vide ou foncièrement raté. Et, encore, on ne peut pas dire que les fusillades et combats soient impeccables car pas toujours très lisibles. À la manière de « The Raid » ou encore de tout un pan du cinéma asiatique de combat, on a l’impression d’être dans un jeu vidéo où chaque affrontement correspond à un niveau de difficulté. Et l’histoire qu’on tente de calquer là-dessus n’a ni queue ni tête.
Par exemple, le fait de faire du personnage principal un sourd et muet n’est pas une mauvaise idée en soi mais le traitement choisi est infernal. En effet, il développe une sorte de seconde personnalité dans sa tête et « Boy kills World » nous assène donc une voix off omniprésente et insupportable. Elle est censée être drôle mais on a plutôt envie de claquer le personnage de Bill Skarsgaard par terre à cause d’elle. Ensuite, pour dire de masquer sa bêtise et sa vacuité, le script tente un rebondissement complètement inattendu pour surprendre le spectateur. Sauf que celui-ci, en plus d’être totalement improbable, est amené de manière pachydermique. Si les silhouettes de personnages sont plus (la chef de la sécurité au casque pour le moins expressif, excellente idée) ou moins (le personnage de Sharlto Copley, caricatural) flatteuses, tout cela devient vite éreintant en plus de ne rien inventer. Il n’y a qu’à voir l’univers dystopique proposé qui a un développement proche du néant et qui semble pompé sur les « Hunger Games ». Dans le même genre (action décérébrée) revoyez plutôt le méconnu mais génial et jubilatoire « Bloody Milkshake ».
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