À une époque où remakes, reboots, suites et spin-offs se font rois, certains tentent de se démarquer en nous proposant quelques excentricités comme celle-ci. Une démarche louable s'il en est, pour peu que l'on sache doser correctement chaque ingrédient et qu'on ne cherche pas à tout prix à réinventer la poudre, au risque de sortir un truc immangeable.
Malheureusement, Boy Kills World fait partie de ces recettes ratées. C'est dommage, car en assemblant consciemment des ingrédients éprouvés tels que la violence chorégraphiée de John Wick, les personnages hauts en couleur et charismatiques de Bullet Train et l'univers dystopique, mais ludique de Hunger Games, on pouvait s'attendre à une bombe de saveurs. Au final, on ne ressent que les inspirations de ces œuvres, tels des vieux emballages de bonbons que nous sommes condamnés à lécher plutôt que de nous délecter de la friandise. Ce qui ne nous laisse rien d'autre qu'un goût amer de déception et de potentiel gâché.
La seule courtoisie du film est de nous annoncer la couleur dès ses premières scènes, sans nous laisser espérer une quelconque amélioration dans son déroulement. Voulant se donner une apparence "cool" au détriment de sa substance, l'univers et les personnages sont à peine introduits, tandis que les scènes s'enchaînent de manière frénétique, en nous vomissant hallucinations, gags et dialogues écrits au rythme de la plume, comme pour nous crier : "Regarde comme je suis cool ! C'est dynamique, c'est drôle, il y a des couleurs et de l'action ! C'est ce que tu voulais, non ?!"
"Non."
L'univers dystopique présenté se limite à la seule tradition de "The Culling" sans la moindre tentative d'exploration au-delà. Et cela sonne d'autant plus creux lorsque l'on se rend compte à la fin que cette tradition n'a aucune réelle utilité dans l'intrigue.
Les personnages, à l'exception de Boy, auquel on s'attache comme à son avatar de jeu vidéo, cherchent à être charismatiques par des tenues colorées, des dialogues rigolos et une personnalité amusante, sans jamais dépasser le niveau de PNJ excentriques. La grande méchante n'arrive non seulement pas à la cheville d'un Coriolanus Snow, mais est probablement l'antagoniste de dystopie la moins mémorable qui soit. Quant aux autres, ce sont soit des blagues, soit des caricatures. Même June 27, dont le design paraîtrait sûrement cool sous forme de dessin Pinterest, prête plus à sourire qu'autre chose tellement il n'a aucun sens.
Seules les scènes d'action parviennent à briller par leur inventivité et leur violence, sans pour autant arriver au niveau d'un John Wick.
C'est d'autant plus regrettable que, contre toute attente, le film parvient à certains moments à faire des efforts de narration, en nous offrant notamment un plot twist inattendu, ce qui l'élève légèrement au-dessus d'un simple trousseau de clés qu'on agite pendant 2h.
Sans compter le jeu des acteurs qui reste malgré tout honorable et parvient à donner un iota de substance à certains personnages.
Au final, même si ce film ne trouvera probablement jamais sa place dans ma vidéothèque aux côtés des autres films énoncés précédemment, je peux tout de même dire que j'ai passé un bon moment en le visionnant. Car, une fois que l'on réussit à accepter le concept et que l'on s'attache au personnage de Bill Skarsgård, on fini par se laisser hypnotiser par sa folie hystérique et on se surprend même à glousser durant certains gags, même s'ils sont nuls.