Tourné sur une période de douze ans (début 2002 à fin 2013), le réalisateur Richard Linklater film les mêmes acteurs chaque année et raconte l'enfance d'un petit garçon, Mason "Jr" (Ellar Coltrane), âgé de six ans, jusqu'à sa majorité, vivant à Houston avec sa sœur Samantha (Lorelei Linklater) et sa mère Olivia - séparée de leur père. Patricia Arquette (Olivia) incarne la maman attentionnée et protectrice, se démenant pour avoir la meilleure vie possible pour elle et ses enfants. Tandis qu'Ethan Hawke (Mason Sr) endosse le rôle du père semi-absent, pourtant très souciant et aimant envers ses enfants.
Ici, il ne faut pas s'attendre à de multiples rebondissements. En 2h45, on suit une famille au quotidien, avec ses moments de bonheur ainsi que ses petits drames. L'amour, les joies, les séparations, les déménagements, les rentrées des classes, les amis, les premiers émois, les décisions, les peurs, les rêves, les petits riens de la vie que Linklater capte avec sincérité et nous transmet avec beaucoup d'émotion.
Boyhood peut paraître linéaire et long en somme par sa durée, mais démontre pourtant à quel point le temps s'écoule rapidement. Et puis c'est ça la vie. C'est parfois inintéressant, pas mouvementé, rempli de petits bonheur, de craintes sur l'avenir.
On assiste à l'évolution des personnages sur douze ans de vie. Sous nos yeux, les enfants grandissent, mûrissent et les adultes vieillissent et arborent quelques rides au fil du temps qui passe, le tout sans aucun artifice, ce qui donne une certaine tendresse à l'ensemble. Le résultat est assez impressionnant. D'une simplicité et d'un naturel qui rendent le film unique et très intéressant.
On y voit également la progression des technologies: les consoles de jeux vidéos, les portables, ordinateurs... Il y a les références culturelles, de Star Wars, à la sortie du nouveau tome de la saga d'Harry Potter ou encore l'élection de Barack Obama comme président.
En parallèle, la musique tient une place importante et est essentielle pour accompagner l'évolution de Mason.
Elle est pour nous un repère à travers les années 2000, puisque Linklater n'indique aucun changement de date à l'écran. On passe de Coldplay, Britney Spears à blink-182, en passant par Vampire Weekend, Phoenix, Kings Of Leon, The Black Keys, et en finissant par Arcade Fire. On retiendra sans aucun doute le morceau "Hero" de Family of the Year, qui résonne comme un écho au personnage de Mason.
(Lien playlist Spotify de la BO: http://open.spotify.com/user/thefilmstage/playlist/1Hs7n6D1DbnGLSXTJr4AK0).
Les scènes de Mason avec son père sont souvent accompagnées de musique. Il s'en sert comme une certaine façon de communiquer avec son fils. D'ailleurs, j'ai trouvé les scènes avec Ethan Hawke incroyablement touchantes et d'une profonde sincérité. (Oui, je l'aime et alors?)
Boyhood est un film sur le temps qui passe, bien malgré nous, des séquences banales de la vie, sur les questionnements, les choix, les doutes, les remises en question, les choses que nous subissons, comme une fatalité qu'est la vie. Un film qui ne peut pas t'empêcher de te questionner et d'avoir un certain regard critique sur ta propre existence, qui heurte légèrement, et qui ne laissera sûrement pas indifférent. Un voyage cinématographique unique en son genre et assez déconcertant.
Et cette quote d'Arquette qui résonne en moi: "...I just thought there would be more."
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