Un film ambitieux, modeste, tendre et rempli d'émotions. Une ode à la vie et à la jeunesse!
Parvenir à réaliser un long-métrage sur l'enfance sur une période de 12 ans avec les mêmes acteurs et la confiance de ses producteurs... Tel est l'exploit unique que réussit ici Richard Linklater. Un film ambitieux et paradoxalement modeste, dégageant beaucoup d'humanité, de chaleur et de moments de vie remplis d'authenticité, qui plus est porté par des acteurs très justes, y compris le jeune Ellar Coltrane. "Boyhood" est un film qui touche à nos émotions, qui fait appel à nos souvenirs de jeunesse et nous rappelle ce qu'est la vie! Une expérience unique qu'il faut s'empresser d'aller voir dans les salles au plus vite !
Parvenir à réaliser un long-métrage sur l'enfance sur une période de 12 ans avec les mêmes acteurs et la confiance de ses producteurs... Tel est l'exploit unique que réussit ici Richard Linklater. L'enfant de cette histoire s'appelle Mason, interprété par Ellar Coltrane depuis l'âge de 7 ans jusqu'à ses 18 ans, entre 2002 et 2013. L'événement est une première dans l'histoire du cinéma de fiction et, aussi ambitieux le projet soit-il, le résultat reflète paradoxalement une modestie et une sérénité sans pareilles.
Non seulement les acteurs professionnels incarnant les parents sont bons (Patricia Arquette et Ethan Hawke, tous deux très justes dans leurs rôles), mais les deux jeunes trouvailles que sont Ellar Coltrane (Mason) et Lorelei Linklater (incarnant la sœur de Mason) elles aussi jouent avec une authenticité splendide. Par moments, on ne saurait dire si nous avons là affaire à une véritable fiction ou à un documentaire, car "Boyhood" est une œuvre cinématographique expérimentale sur la vie et les expériences vécues par Mason et sa famille au fil des années. Alternant hauts et bas, le film dégage beaucoup d'humanité, de la chaleur et des moments de vie magnifiques.
Si l'aventure dure pas moins de 2h45, pas un instant le spectateur ne s'ennuie devant ce spectacle qui n'est autre qu'une ode à la vie et à l'enfance. C'est à la fois gratifiant et déconcertant de se rendre compte de la simplicité avec laquelle Linklater filme ses personnages et traverse le temps avec une fluidité subtile. Très épuré, calme et plein de tendresse... on croirait que l'ensemble du film se déroule sous nos yeux de manière naturelle et sans aucun effort, sans jamais nous faire sentir la technique derrière le récit. Une mise-en scène donc très sobre, classique et discrète, évitant peut-être de s'envoler et de prendre certains risques mais qui, en fin de compte, brille par son efficacité et sa maîtrise.
Concernant le récit, Richard Linklater se contente de nous montrer les expériences vécues par Mason et son évolution à travers les âges. Ces expériences sont très parlantes étant donné que beaucoup de ce qui nous est montré à l'écran n'est que le reflet de notre propre enfance et nos propres expériences. "Boyhood" est aussi et surtout un cadeau dédié à la génération d'adolescents actuelle, étant donné que la période de tournage (2002 à 2013) est aussi la période de l'enfance de ces adolescents-là. Certains événements (sortie des Harry Potter...), certaines musiques (Lady Gaga...), certaines tendances (Game Boy, Facebook...) s'inscrivent pour ainsi dire dans l'air du temps et nous font sourire tout en éveillant en nous un regard neuf sur certains éléments du passé. Car "Boyhood" est plus qu'un film, c'est un souvenir qui fait à appel à nos expériences et à nos émotions !
D'une certaine manière, le film de Richard Linklater est également une leçon de vie, adressée principalement aux jeunes. En effet, le film ne se contente pas de nous montrer des moments de vie. Richard Linklater dresse dans son scénario certaines lignes directrices de manière à le rendre plus dynamique et plus parlant. Richard Linklater nous raconte cette histoire d'une jeunesse imparfaite, tantôt heureuse tantôt bouleversée, d'un enfant depuis ses 7 ans jusqu'à ce qu'il devienne adulte et indépendant et parte achever ses études au "College". L'ensemble de sa jeunesse se structure à travers une suite d'événements logiques et réalistes : éveil de sexualité, de responsabilité, découverte d'une passion dans la vie, du premier amour etc.
Dans cet ordre d'idée, il va sans dire que le choix de parents divorcés et puis d'un remariage de la mère avec un homme cruel et alcoolique était un parti pris idéal pour venir rajouter au récit une nouvelle dimension dramatique riche en enjeux et en réflexion. Cela dit, si cette structure du récit s'avère au final très classique et quelque peu prévisible, c'est surtout la manière efficace dont Linklater amène les événements et les thématiques qui contribue à la réussite du projet. En effet, "Boyhood" s'adresse directement aux émotions des spectateurs, et c'est dans cette démarche qu'il y trouve son avantage. En conclusion, le film de Linklater fascine sans surprendre, mais c'est déjà là un grand exploit ! Il ne lui manquerait plus que ce petit "plus", cette part d'imprévisible notamment à garder pour la fin, pour que "Boyhood" soit définitivement une œuvre parfaite !
Si l'ensemble du film est une réussite, il convient aussi de signaler la richesse de certains dialogues et des interprétations des acteurs dans certaines scènes clés du film. Même s'il s'agit là des scènes les moins évidentes du film, dû au fait que l'on peut sentir un énorme travail d'écriture derrière certaines répliques, Linklater et ses acteurs parviennent à les restituer avec exactitude et sincérité. C'est parmi ces scènes, comme par exemple celle dans la chambre noire où un professeur questionne Mason sur son avenir, ou encore ce moment où, bière à la main, le père de Mason parle à son fils de ses futures relations amoureuses, que le sens du film se construit et que son discours sur la vie éclate au grand jour. Si "Boyhood" est un souvenir du passé et une leçon de vie, c'est principalement parce que sa vocation est de nous montrer ce qu'est la vie (l'enfance d'un garçon, la responsabilité de ses parents, la continuelle improvisation...), sa seule vérité (la mort) ainsi que ses alléas (divorce etc.), et c'est autour de cela que le film construit son discours pour nous faire aller de l'avant et faire face à notre avenir. "Boyhood" est sans aucun doute l'un des meilleurs films de 2014 et une expérience unique qu'il faut s'empresser d'aller voir au plus vite dans les salles !
