« What's the point? Je sais pas... on improvise et on s'accroche à nos sentiments ! »
Boyhood c'est un peu une grande compilation de tout les dimanches de sa vie : déprimants sans qu'on sache bien pourquoi.
Le film est une réussite flagrante. Le concept marche très bien, Linklater ne tombe dans aucuns des probablement très nombreux pièges, les acteurs sont au niveau, c'est le plus souvent très bien écrit... bref, bravo.
Si je devais faire ma fine bouche (et aussi par esprit de contradiction dans ce concert de louanges que j'entends au loin), j'avouerai que je suis un peu partagé sur un point. Je pense en effet que c'est une bonne chose de montrer de temps en temps un film "sans histoires", je veux dire sans problèmes et sans les effets scénaristiques qui vont avec. Là ça coule comme un long fleuve tranquille et les intrigues qui se dessinent sont systématiquement évacuées au profit des personnages. C'est un projet de cinéma qui me plait plutôt. Mais avec ça il y a quand même aussi ce petit côté de "la famille idéale, édition raisonnée et réaliste" qui nous est jeté à la gueule. On est collé à un sorte de miroir temporel grossissant pendant 2h45, alors on est quand même forcé au bout d'un moment de se comparer. Je n'ai aucun doute que Richard Linklater assume tout à fait ça et se rend très bien compte de la puissance dévastatrice du dispositif. Et heureusement sans bien savoir quoi en faire. D'ailleurs c'est encore lui qui en parle le mieux (dans la bouche de Ethan Hawke) :
« What's the point? Je sais pas... on improvise et on s'accroche à nos sentiments ! »
Ça fait un bon film, je sais pas si ça fait une vie.