Prendre son temps. Trop peu de personne prennent leurs temps. Aujourd'hui, on a besoin de tout a tout moment, claquer des doigts et que tout ce qu'on désire nous appartienne. Dans le cinéma c'est pareil. On a besoin d'action de mouvement, de péripéties, on veut vivre on veut vibrer a travers quelque chose qu'on ne pourrait pas vivre dans la réalité. Cette constante recherche de l'irrationnel nous fait oublier qu'il faut de temps en temps se poser et apprécier les choses telles qu'elles sont.


Bon derrière ce texte un poil rébarbatif se cache bien sur même si on sait très bien de quoi je parle, le film Boyhood. Novateur, original que cette magnifique idée de filmer durant une période de plus d'une dizaine d'années, en gardant les mêmes acteurs, un petit peu tous les ans, de 2002 a 2013 une famille composée de Mason sa mère et sa soeur.
Se voulant réaliste, le film peint le portrait de cette famille Américaine qui évolue au fil des années. On s'attache comme jamais aux personnages car on a l'impression de les voir grandir sous nos yeux. Quelle incroyable sensation n'est-il pas de pouvoir contempler, comme ces fleurs que l'on voit fleurir en accélérer, l'évolution de cette famille.


Avant toute chose il faut bien comprendre que ce film est lent, peu rythmé, monotone etc ... 2h40 peu sembler longuet je le conçois. Mais il faut regarder ce film avec un œil nouveau, ce n'est pas un film comme les autre. Cette histoire qui nous est raconté, ça pourrait être toi, lui ,elle, ton voisin, ton cousin, ce gars que tu as rencontré au camping, cette fille avec qui t'as fleurté pendant quelques mois.
C'est le portrait d'une famille ordinaire a qui il n'arrive rien d'extraordinaire et c'est tellement plaisant. On assiste au chemin que parcours une famille qui, comme nous tous a des hauts et des bas ( pas les collants ). Voir comment grandit Mason et sa soeur c'est comme si on était leurs amis qu'on pouvait les toucher. On vibre avec eux quand ils sont heureux, on partage leurs peines, on comprend ce qu'il ressente car on sait comment ils sont ! Nous connaissons tout d'eux car on les connait depuis le début.


Au coeur de cette famille se trouve leurs père, leurs mère. Deux parcours différents, deux parents différents avec le même amour pour leurs enfants. Le divorce qui touche tellement de famille, qui détruit tellement d'enfants est abordé de manière a bien comprendre la complexité de ses enjeux, la profondeur de ses racines et les conséquences qu'il a. De nouveau, cette notion est encré dans le caractère réaliste du film rendant cette famille encore plus concevable.


Ce qui est drôle aussi, c'est que les gens changent avec le temps, et les temps changent. Voir cette évolution temporelle est un élément unique. 2002 avec Dragon Ball, 2008 avec Obama, le nombre de message envoyés dans le monde est passé de 250 milliards au début du film, à sa fin il y en a eu 7 milliards de milliards ( seven trillon) d'envoyés ! 72 coupes de cheveux ont été effectués Bref on ne retrouvera jamais dans un seul film un tel condensé d’histoire aussi inutile soit elle bien sur.


J'ai toujours pensé que les films les plus beaux étaient ceux ou à la fin, t'as cette sorte de boule au ventre. Cette étrange sensation difficile à décrire, qui se situerait entre la nostalgie du moment passé et une sorte de bien être intérieur. L'image de fin, avec cette randonnée, Mason et cette fille, leurs regards puis cette coupure, c'était comme si on laissait voler un oiseau de ses propres ailes. J'ai vécu une partie de ton histoire, je t'ai suivi, maintenant vole, et ne t'arrête pas. Une mélancolie positive, sensation de vide, on retourne a notre quotidien en laissant derrière nous un ami, une famille, tout une vie. Faut pas se faire de souci, des Mason on en trouvera d'autres

Félix_Leloup
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le 24 janv. 2015

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Félix  Leloup

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