J'étais un peu réticent quand j'ai lancé Boyhood. J'avais profondément peur de m'ennuyer, peur que les scènes se succèdent sans que moi je n'en tire aucun intérêt. Au terme des 2h45 de film, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Le film se contente de raconter une histoire de famille que des dizaines de foyers peuvent vivre au cours d'une grosse dizaine d'années. Mais c'est ce qui fait la beauté du film, dont le but n'est que d'être spectateur du temps qui passe, au lieu d'en rester passif et de ne même pas remarquer que les grains du sabliers chutent.
Inutile de rappeler le speech en détail, vous devez probablement être au courant; le film raconte la jeunesse de Mason, personnage sous les traits d'Ellar Coltrane qui grandira pendant 12 ans de tournage avec son personnage.
J'ai tout simplement adoré. Le film, l'histoire de Mason et de sa petite famille, de sa peur de l'envol dans la vie, de sa relation avec sa mère (jouée par la très excellente Patricia Arquette) et son père, de celle avec sa sœur... C'est toute la jeunesse d'un jeune garçon qui se déroule sous nos yeux et qu'on suit avec beaucoup d'attention. Les personnages sont criants, les moments choisis sont saisis dans leurs authenticité, et je n'ai pas trouvé un seul acteur qui n'était pas juste. Les acteurs incarnent leurs personnages comme s'ils ne faisaient qu'un. Ce n'est pas un film avec beaucoup d'action, c'est un film avec beaucoup de non-dits, de sentiments implicites, d'interrogations sur la vie, le parcours que nous y faisons, l’intérêt de s'attacher à du matériel, du superficiel ou du concret, et qu'est-ce qui d'ailleurs est réellement concret dans une vie? Les bibelots qu'on accumule où bien n'est-ce qu'une histoire de sentiments? Boyhood est un conte naturel, vrai et sans artifices, qui délivrera un message et une leçon sur la vie, à qui veut bien l'entendre. Ne passez pas à coté.