Oh qu’on aurait aimé l’aimer davantage ce film! Pourquoi ? Et bien parce qu’il est rare de voir le cinéma québécois se risquer au cinéma de genre. C’est tellement peu commun qu’il est dommage qu’une tentative ne soit pas vraiment mémorable. En effet, tout comme en France - et on voit bien là aussi notre cousinage cinématographique - les films fantastiques ou d’horreur sont particulièrement une denrée rare dans la Belle Province. Et l’un des derniers avatars québécois du genre était justement et également un film de zombies. Il s’appelait « Affamés » et se révélait plutôt pas mal en choisissant la voie de la poésie, du contemplatif et du sérieux. Ici, avec « Brain Freeze », l’angle choisi est radicalement différent puisqu’on est davantage dans l’humour et la parodie. Et le résultat, s’il n’est pas dénué de réelles qualités, n’est guère convaincant.
Il manque clairement les deux choses primordiales pour qu’une comédie horrifique soit réussie. En l’occurrence de l’humour et des frissons. Et « Brain Freeze » ne contient que très peu de ces deux éléments. On sourit un peu parfois devant certaines situations décalées mais en revanche il est clair que l’on n’a jamais peur et que ce long-métrage peut être vu par tous les publics (hors enfants en bas âge) sans souci. Pour les frissons et la tension, on repassera donc. Qui plus est, si l’intrigue se met doucement en place et semble prometteuse, une fois les enjeux circonscrits tout cela tourne clairement en rond. Le film n’est pas palpitant et les simili péripéties vécues par les protagonistes ne sont guère captivantes. Pire, elles sont anecdotiques et pachydermiques. On suit donc tout cela dans une certaine torpeur, pour ne pas dire ennui. Et certains aspects intéressants comme la radio pirate ou les parallèles avec l’épidémie actuelle ne sont vraiment pas approfondis comme ils le devraient.
Mais il n’y a pas que du mauvais dans cet essai ambitieux. D’abord et cela n’est pas volontaire, un film de zombies québécois est en soi une particularité qu’on ne voit pas tous les jours. Et ça change des invasions de mort-vivants à grande échelle ou dans les grandes villes. Ici le choix de situer l’action sur une île cossue hors de Montréal est judicieuse et donne un décor original et pertinent à l’action avec ses banlieues immenses et sans âmes constituées de gigantesques manoirs. De plus, Julien Knafo sait filmer et impressionne à ce niveau : la mise en scène est vraiment impeccable et certains plans n’ont pas à rougir de ceux des films semblables des voisins américains (comme celui, aérien et en plan large, du pont reliant la ville à l’île). Idem pour les effets spéciaux qui se révèlent plutôt convaincants malgré la maigreur du budget. « Brain Freeze » est donc par moments amusant et il développe une voie qui lui est propre, dommage que le script et les enjeux soient si limités et basiques et que le cinéaste oublie de faire peur et de faire rire. Un comble pour une comédie horrifique.
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