Sevran Connection

Braqueurs est ce que l'on peut appeler, un film de genre. J'ai compris depuis peu que certains films ont des codes, des mimiques, des clichés au pire des cas.

Ce film est LE film de gangster français moderne. Tout y est, rien n'est occulté. En pagaille :

• la famille plus forte que tout


• les criminels sont des gangsters sans scrupules, des ordures, mais leurs milieux de vie les forcent à être ainsi


• les "gentils" sont des "gentils", torturés, n'hésitent pas à flinguer à tout va, mais ont un code d'honneur à toute épreuve (cf. la famille)


• la différence entre flic et voyou est très mince


• il n'y a pas de fin heureuse


• la violence est omni présente


• le langage est très "fleury merogis"
  etc...

Comme tous autres films de genre (westerns, épouvante, fantastique, slasher...) on aime ou on déteste justement à cause de ces codes. Et bien moi rien à faire, j'apprécie ce genre et je conçois entièrement que l'on le rejette.

Le film enterre la subtilité au profit d'une efficacité à toute épreuve. Vous voulez du développement de personnages ? Changez de rue, le film dure à peine 1h20, et arrive à raconter plus de choses que n'importe quel bousin bien pensant. Tout va à fond la caisse sans être expédié, ce qui est en soi un exploit quand on sait que le rythme est difficile à tenir pour ces films qui se prennent autant au sérieux avec des personnages aussi stéréotypés.

Les acteurs sont globalement très bons. Principalement S. Bouajila et Guillaume Gouix, qui ont décidément la gueule de l'emploi de ce type de film. Le film se permet même de faire venir le rappeur Kaaris (qui a l'air de s'amuser comme un dingue dans un rôle qu'il fantasme dans ses sons) pour un rôle d'un dealer de S.E.V.R.A.N (comprendra qui pourra).

Si le scénario tient sur un post-it coupé en 4, il n'en reste que l'on a en fasse de nous un film disposant d'une mise en scène d'une efficacité redoutable et d'une nervosité palpable sans avoir besoin d'artifice superficiel tel que la caméra qui tremblote dans tous les sens. Si l'on filait de gros moyens à M. Leclerc, cela ne m'étonnerait pas qu'il soit capable de nous faire un film à la trempe de Heat, l'étalon en la matière. De plus, par sa durée courte, le film évite de tomber en plein dans la caricature bête que peuvent être la série Braquo post-Marchal ou certains films de ce dernier.

Car oui, le film sait qu'il n'a pas grand chose à offrir de neuf, mais il sert cela tellement bien que je ne peux que conseiller si vous êtes un amateur du genre, et même si vous n'êtes pas friant de ce style de film, je vous conseille de lui laisser une chance. C'est ce genre de bon film de genre comme celui là qui me laisse encore entrevoir un espoir d'autre chose dans le cinéma français, que des comédies pas très drôles ou des films "d'auteurs" trop condescendant.