Avec ce film désormais culte, l'ex Monty Python va connaître ses premiers gros déboires avec Hollywood. Si le tournage, plutôt lourd, offrira une totale liberté au cinéaste, la Universal (détentrice des droits de diffusion sur le territoire nord-américain) va massacrer le film dans les grandes largeurs, sabrant près d'une heure de métrage et transformant un final à l'origine apocalyptique et cauchemardesque en vulgaire happy end (dieu merci, nous autres européens auront eux la chance de le découvrir de sa version originale). Ce qui va avoir pour résultat de rendre le message de Gilliam encore plus pertinent, le monde qu'il dépeint, enfer bureaucratique et déshumanisé régie par des règles totalement absurdes et contradictoires où le culte de l'apparence règne en maître, n'étant pas si éloigné d'une certaine mecque du cinéma, où l'on doit parfois passer par nombre de grattes papier pour changer ne serais-ce qu'une malheureuse ligne de dialogue. Bien qu'il s'en défende (mouais), Terry Gilliam signe une sorte d'adaptation officieuse et complètement frappadingue du "1984" d'Orwell, délire sur pellicule visionnaire et fascinant, parfois longuet et un peu cheap (ce qui fait son charme) mais sincère, bourré d'idées géniales et infiniment poétique. Du grand art.