Du désavantage d'être adulé
J'ai vu Brazil récemment, donc loin après sa sortie, loin après son intronisation d'oeuvre culte, à une époque où il est installé et ne souffrira pas de décevoir quelque peu (mais c'est la rançon de l'entrée au Panthéon, cette attente au tournant).
La première heure m'a complètement pris au dépourvu par son grand-guignol débridé, et son humour décapant. Quel pied, quelle folie, quelle liberté dans la mise en scène ! Quelle distance prise sur la dystopie ambiante.
Je me suis alors souvenu qu'en effet, l'ère Monthy Python du réalisateur n'était pas si vieille.
Puis, lorsque le film bascule dans l'histoire d'amour et de fuite, il accuse le coup. Dans l'action, il dévoile son âge. Ensuite, il perd de sa démesure et de son rythme, comme si cette première assise d'inventivité suffisait à bâtir du simple déroulé de péripéties par-dessus.
L'ennui a fini par guetter franchement, jusqu'à ce qu'intervienne le quart d'heure de fin. Alors qu'on n'y croyait plus, c'est reparti pour un tour, ô créativité déchaînée, nous revoilà, De Niro en disparaît même dans un tas de journaux !
C'est le retour du surréalisme, l'entrain de la chanson-titre, le retour des promesses du début. C'est d'ailleurs presque du grand n'importe quoi (jusqu'à la révélation des derniers instants du film), et c'est réjouissant.
PS (ALERTE SPOILERS): c'est moi ou on ne trouve pas de remerciements de Zack Snyder pour Brazil, à propos de Sucker Punch ? Parce que, (autre ALERTE SPOILER cette fois-ci pour ceux qui n'ont pas vu SUCKER PUNCH) entre le samouraï géant, les évasions par le fantasme héroïque, et la chute des deux longs-métrages quasi-identiques, les analogies me paraissent trop évidentes pour n'être que le fait d'un hasard d'inspiration. Mais nulle part, je ne vois d'article ou de mention de Snyder à Terry Gilliam. Bizarre.