Lucie,étudiante parisienne,est passionnée de danse et prépare un concours dans cette discipline.Mais le numéro qu'elle travaille avec son petit ami Julien est assez particulier puisqu'il consiste à se mouvoir dans les airs,en suspension le long d'un immeuble.Ca ne loupe pas,le câble retenant la fille cède et elle fait le grand plongeon.Après un coma et quelques contusions elle se remet au taf mais veut désormais s'agiter au sol.Elle découvre alors que son père,qu'elle n'a jamais connu,tient un hôtel minable à Saint-Denis.Voulant le rencontrer elle se rend sur place et tombe sur Vince,l'employé du bar,qui fait du hip hop tout seul dans la salle de restaurant.Subjuguée par l'énergie de cette danse et la facilité à bouger du garçon,elle l'engage comme coach afin qu'il l'entraîne en vue de son audition.En voilà un qui sentait la déconfiture de grande ampleur,et puis finalement c'est pas si mal.Les films de banlieue et les films de hip hop sont souvent affligeants,alors combiner les deux semblait périlleux mais le réalisateur-scénariste Marc Fouchard,dont c'est le premier long,parvient adroitement à n'utiliser ces éléments que comme contexte,préférant se concentrer sur le mélodrame social et sentimental.Certes ça n'invente rien et l'évolution de l'histoire et des personnages est largement prévisible mais l'intrigue et les relations qu'entretiennent les protagonistes sonnent juste,l'important dans ce genre de cinéma étant plus le chemin parcouru que sa finalité.L'humain est au centre des préoccupations de Fouchard,qui a eu la main heureuse en confiant les clés du camion à Sabrina Ouazani.Souvent utilisée comme élément décoratif secondaire et toujours dans le même registre de la beurette canon,badass et vénère,l'actrice est cette fois sur le devant de la scène et sa solarité explose l'écran tandis que sa justesse tient solidement les scènes.Le réalisateur et son coscénariste François-Régis Jeanne,qui a fait lui aussi son premier film en cette même année 2018,le déplorable "Demi-soeurs" avec aussi Ouazani,plongent son personnage dans une série de traumatismes très déstabilisants.L'accident,le trauma,les blessures,la quête éperdue d'un père qui parait indifférent,la difficulté à changer de style artistique,l'amour naissant avec un Vince lui-même en proie à divers démons,la rupture avec Julien,le stress de la compétition.On le voit,il y a de quoi faire mais la fille est indomptable et va s'acharner à vaincre les obstacles.Tous les intervenants sont d'ailleurs éprouvés par la vie.Max,le papa indigne,est un ancien champion de boxe tombé dans la débine,les braquages et la taule qui a estimé plus judicieux pour sa fille de ne pas lui infliger sa présence,ce qu'il regrette finalement.Il tente de se racheter en oeuvrant dans la réinsertion d'ex prisonniers.Vince a fait une connerie qui l'a immergé dans une culpabilité le poussant à une erreur encore pire,le trafic de drogue.Après une période d'incarcération il se balade avec un bracelet électronique et a décidé de ne plus jamais exercer ce pour quoi il est fait,la danse.Il y a aussi son meilleur ami Malik,cloué sur un fauteuil roulant suite à un accident,qui essaie vaille que vaille de prendre la vie du bon côté tout en incitant son pote à dépasser son traumatisme.Les rapports entre tous ces gens sont compliqués,tendus et finement tissés par un script qui alterne les heurts,l'humour et l'émotion de manière habile.D'autre part les séquences de hip hop sont bluffantes.Fouchard,qui fut danseur,sait filmer ça et donner de l'élan à ces battles démentielles,un peu trop pros d'ailleurs pour des djeuns répétant au fond d'une MJC de la zone.Sabrina a manifestement bien travaillé la question et le cadre de cette activité très sportive met parfaitement en valeur son corps de rêve,même si de toute évidence certaines scènes sont doublées ou en images accélérées.Même chose pour son partenaire Kevin Mischel,qu'on retrouvera deux ans plus tard en vedette du second film du cinéaste intitulé "Hors du monde",mais lui est un vrai danseur,ce qui ne l'empêche pas de brillamment jouer la comédie.Fermé,musculeux,toujours à cran,il insuffle au beau ténébreux Vince un charisme torturé qui éclate lors de ses rares numéros dansés.L'inconnu Hassam Ghancy est également étonnant en truand repenti plus à l'aise pour communiquer avec d'ex taulards que pour ouvrir son coeur à cette fille que pourtant il adore.La surprise du chef est la présence du chanteur Slimane en rappeur paralytique.Le vainqueur de "The Voice" version 2016 se révèle plus doué pour la comédie que pour le chant et interprète avec talent un éclopé de la vie courageux et optimiste en dépit de son état.La toujours excellente Camille Japy incarne la mère de Lucie mais elle apparait fort peu à l'image.