Voilà un thriller routier que l’on avait injustement déprécié avec le temps. Breakdown Point de Rupture, un film qui passait souvent sur RTL9 avant l’avènement de la TNT, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Une série B dans la veine ligné de Hitcher et Duel. Une berline rouge, un drame évité de peu sur la route. Une altercation avec un chauffeur dans une station service pour un écart de conduite. Tout y est, le scénario semble étrangement familier. Pourtant, Jonathan Mostow abandonne très vite cette idée sur le bas côté tout comme la femme de Kurt Russel qu’il accepte de confier à un chauffeur poids lourd après lui avoir fait le coup de la panne, afin de l’envoyer chercher de l’aide dans un resto routier. Le temps passe et aucune dépanneuse à l’horizon. Amy n’en reviendra jamais. Heureusement, Jeff n’est pas né de la dernière pluie et il n’y a pas besoin d’un brevet de technicien pour reconnecter un câble électrique. Le récit embraye plus rapidement qu’une automatique. Le touriste se mêle aux gens du cru, tous reste indifférent à son égard et très évasif. Personne ne semble avoir vu la trace du camionneur et de sa passagère. Les autorités ne sont d’aucune aide même lorsqu’ils parviennent à alpaguer le suspect, celui-ci ne prétend ne les avoir jamais rencontrés. Le héros est impuissant, le spectateur s’interroge d’abord sur sa santé mentale avant de se demander si tout le monde ne serai pas dans le coup.
L’enquête est intrigante, toute notre empathie vont vers le mari auquel on s’identifie totalement parce que ce genre de scénario a tout du cauchemar paranoïaque, et ce que redoutent tous les parents avec leurs enfants. Après tout des milliers de gens disparaissent chaque année sans jamais être retrouvés. Puis les coupables finissent par se manifester, et Breakdown repart dans la direction de ses aînés, celui de l’action, des cascades et courses poursuites automobiles dans le désert façon Mad Max. Son plus gros mérite étant de ne pas perdre de temps en tergiversations inutiles pour aller droit à l’essentiel. Jeff va devoir lutter face à un torrent de mensonges, de tôles froissés et de bras armés pour retrouver Amy. Mais si Kurt Russel est prêt à en découdre pour la délivrer de son frigo, il a également égaré sa panoplie d’action man en route et incarne plutôt le Monsieur tout le monde qui ne veut d’embrouilles avec personne. Alors forcément quant elles finissent par vous tomber dessus à un carrefour vous n’y êtes jamais préparés et vous improvisez dans l’instinct pour finir à la croisée des chemins, celui du survival façon Massacre à la Tronçonneuse auquel on aura une profonde pensée dans la description de la cellule familiale du routier entouré d’une femme dévouée, un gamin qu’il dresse comme un roquet, un chien fou évoquant Bill Moseley et un dépanneur véreux. Si le film sait titiller la corde sensible et effrayer, c’est justement parce que les méchants sont des gens ordinaires et d’authentiques raclures de chiotte ce qui rend la menace d’autant plus réelle, là où Leatherface et toute sa clique d’énergumène versent dans la surenchère cauchemardesque et dégénéré. Si Breakdown devait initialement être une adaptation d’une nouvelle de Stephen King sobrement intitulée Camions qui capotera pour d’obscures raisons, Jonathan Mostow aura néanmoins su profiter de l’occasion pour se faire un nom et livrer un thriller sous haute tension.
À ce que l’on dit, c’est le voyage qui compte, pas la destination, et les détours mortels surtout... Alors si toi aussi tu aimes bouffer de l'asphalte au sens propre comme au figuré, rend toi sur L’Écran Barge. Tu y trouveras quantité de sérial-autostoppeurs et de chauffards frustrés.