Depuis 1953 et "Le Voyage de la Peur" de Ida Lupino, le thriller routier est un sous-genre empreint d'une mythologie qui lui est propre. La route était, la route est, et la route sera toujours le fil d’Ariane entre les hommes, entre les villes, entre les civilisations. Mais de temps à autre, cette route se voit pervertie par le mal dans tous ses états ! En 1971, un jeune réalisateur du nom de Steven Spielberg faisait entrer le thriller “au raz du bitume” par la grande porte du 7ème art (incroyable pour une œuvre pensée pour la télévision), avec son chauffeur de poids lourd aussi mystérieux que sadique. La même année, “Point Limit Zéro” de Richard G.Sarafian faisait vrombir le moteur surchauffé de la voiture d’un certain Kowalski (Barry Newman), un ex-flic, vétéran du Vietnam, lors d’une course poursuite nerveuse entre Denver et San-Francisco. (“Fast and Furious” n’a rien inventé). Quelques longs-métrages plus tard (“Enfer Mécanique”, “Course contre l’enfer”...), et huit ans en avant à l’orée des eighties, c’est l'Australie de Georges Miller qui prend le relais (routier évidemment) du cinéma US avec un thriller post-apocalyptique du nom de “Mad Max”. En 1981, toujours en Australie, arrive “Road Games” de Richard Franklin (“Link”) dans lequel un sérial killer sévit sur les routes poussiéreuses du Bush. En 1985, la plume d’Eric Red et la caméra de Robert Harmon ramèneront le thriller routier et le sérial killer, sur les terres étasuniennes avec “The Hitcher”, avec dans sa besace, un certain John Ryder (Rutger Hauer), auto-stoppeur psychopathe semant la mort et la désolation sur son chemin. Grand prix du film policier de Cognac en 1986, ce survival sans concession fera des émules avec plus ou moins de succès. Robert Harmon tentera avec “Highwaymen” de rééditer l’exploit de “Hitcher”, mais le combat entre James “Rennie” Cray (Jim Caviezel) et Fargo (Colm Feore) le tueur à l’Eldorado 72, n’aura pas la même aura culte. Le cinéma européen - plus précisément franco-néerlandais - avec “L’Homme qui voulait savoir” de Georges Sluizer en 1988, sera lui aussi l’instigateur de quelques remakes ou plutôt relectures routières. En 1993, avec “La Disparue”, Georges Sluizer tente l’aventure hollywoodienne avec le remake de son propre film. Dans cette adaptation (plutôt libre sur la fin), Sandra Bullock disparaît sur une aire d’autoroute, son mari joué par Kiefer Sutherland la recherche désespérément. Avec “Breakdown”, qui nous intéresse ici, le postulat de l'abduction est au rendez-vous ! Jeff (Kurt Russell) et Amy Taylor (Kathleen Quinlan) font route du Massachusset vers San Diego où une nouvelle vie les attend. Tout va pour le mieux lorsque le véhicule se retrouve immobilisé en plein désert, à cause d’une panne. Par chance Warren “Red” Barr (J.T Walsh) un transporteur routier se trouvant dans les parages, propose d’amener Amy jusqu’à la station la plus proche. Quand Jeff finit par rejoindre la station, Amy a disparu, Jeff se lance alors dans une enquête en eaux troubles pour retrouver sa femme. Jonathan Mostow (“Terminator 3”, “U-571”) nous embarque dans un suspense au cordeau dans des paysages renversants. Kurt Russell y déroule un jeu parfait toujours au bord de la rupture (d’ailleurs en 1999 pour la sortie VHS en France, le film était titré “Point de Rupture”). Oscillant entre l’atmosphère poisseuse façon “La Colline a des yeux” de Wes Craven et l’ambiance “road trip” des péloches cités plus haut, Snake Plissken “forever” fait face à une horde de “rednecks” poussiéreux. A voir ou revoir ! Attention, le blu-ray sorti récemment en France chez Paramount est pourvu d’une version québécoise très accentuée. Tabarnak !!!!!