C'est après avoir vu Melancholia, L'hôpital et ses fantômes, The House That Jack built et Dancer in the dark que j'entame ce film de la filmographie de Lars von Trier. Je ne peux pas me résoudre à penser que ce dernier ait réalisé quelque chose d'aussi mauvais involontairement. Je dirais même qu'à y regarder de plus près le film est en fait une excellente parodie.
Von Trier y dépeint des personnages qui semblent tous incapables de vivre : soit ils sont dans l'excès le plus total (la relation malsaine qu'entretient Bess avec Jan), soit ils sont religieux au possible et consacrent leur vie à Dieu (oskour). Pour seul entre-deux, le médecin représentant "fort" de la science dans tout ce bas monde. Quelle originalité… Donc il y a les méchants : les gens de l'Église, le coté obscur ; les gentils : Jan et Bess, les bizarres qui ont une "connexion spirituelle", Luke et Leïa ; et docteur Han Solo Richardson l'indépendant. Ca aurait pu faire un bon scénario pour Star Wars 7 plutôt que les merdes de Abrams. Mais voilà, ça c'est pas von Trier. A moins que ?
Oui, le film laisse entr'apercevoir un fond de critique de l'Église, mais sa raison d'être ne se situe pour moi franchement pas là. Ce film met à l'épreuve le bon goût du cinéphile : ce dernier doit-il trouver tellement subversif que le médecin sorte que Bess souffrait en fait de "bonté" à la fin du film ? Bien sûr que non. Mais trop tard, vous vous êtes jeté dans le gouffre à pas précipité, vous y avez cru, jusqu'à ce que le docteur Richardson lui-même reconnaisse que c'est complètement stupide... "it's a little bit funny" peut-on entendre dans l'épilogue.
Le film fleurte avec le mauvais goût, et en joue à foison, démultipliant les dialogues de caniveau entre les personnages ("I am sorry" entend-on un millier de fois pour un rien), poussant le vice jusqu'à dire que sortir de l'Église c'est BAISER avant tout (sérieusement, ça ne semble pas légèrement caricaturale comme approche, qu'en dirait Nietzsche ?), tellement BAISER que ça en devient absurde et loufoque.
Ce film est un guet-apens pour cinéphiles de mauvais goût. La supercherie en devient artistique. Merci Lars de toujours nous ramener dans le droit chemin. J'ai bien ri.