Je pense qu'il est assez difficile de montrer au cinéma une histoire d'amour qui découle d'une histoire de voyeurisme. Ce que je veux dire par là, et surtout aujourd'hui, c'est que c'est inconcevable pour la plupart des gens, anti-romantique au possible. Je suis donc forcément curieux de voir comment un réalisateur parvient à nous montrer ça au cinéma, à savoir rendre beau quelque chose qu'on trouve profondément immonde. Kieslowski nous conte la vie d'un détraqué de 19 ans qui observe chaque soir sa voisine d'en face à la longue vue depuis sa fenêtre.
L'astuce de mise en scène est toute bête mais l'effet est immédiat : le cinéaste va filmer la plupart des scènes de voyeurisme en silence et avec une sorte de pudeur dans le surcadrage. En effet, on suit un voyeur, mais il a étrangement la décence de s'arrêter de regarder à certains moments, où il sent qu'il se plonge beaucoup trop loin dans l'intimité de la femme qu'il observe.
Cela finit par prendre un tournant tragique, et là encore c'est bien amené alors que le film ne dure qu'une heure vingt. La fin est magnifique et symboliquement lourde de sens.