L'art de la fougue

Une femme au foyer mariée habitant la banlieue se rend une fois par semaine en ville pour faire des emplettes et se "payer une toile" à la séance du matin. Elle fait la connaissance au buffet de la gare d'un médecin également marié. De cette rencontre va naître une brève mais intense passion amoureuse qui n'aura hélas point de lendemain.
Au départ une intrigue ténue et banale. A l'arrivée un grand film au charme désuet mais qui donne ses lettres de noblesse au mélodrame.
Dans la trivialité des situations (conversations à hautes voix ou chuchotées des personnages, description répétitive et méticuleuse de l'ambiance d'un bistrot de gare, topographie ferroviaire sublimée par un soyeux noir et blanc), un dépaysement proche du fantastique saisit le spectateur.
La principale force du récit vient de l'identification intime que l'on peut ressentir avec les deux protagonistes : Lui, Trevor Howard, en simple médecin au regard intense et bienveillant. Elle, Celia Johnson, en épouse dévouée mais dévorée par une brûlante passion.
La narration se construit autour de petits flash-backs ponctués par l'envoûtant concerto de Rachmaninov qui revient en leitmotiv tout le long du film.
D'aucuns qualifieront plus tard le film d'académique et conventionnel.
Je dirais simplement : d'une beauté pudique et surannée...