Un film déjanté et très drôle, Pythonesque même. Je pense parmi mille exemples au plan de la tortue qui marche avec sur fond de sirène de police.
Mais tout ça cache une mise en distanciation à mon avis très calculée (dont je vous avoue ne pas avoir encore découvert le résultat exact). Dès l'ouverture du film par exemple, la chanteuse de l'hymne national râle pour une histoire de ton et demande à recommencer. L'orchestre et les choristes s'exécutent, mais le film aussi en recommençant les titrages. Une blague, mais pas que. Pareil sur la fin, ou le film bascule sur les dernières minutes en un spectacle circassien au cœur du stade, les personnages du film saluent et chacun est nommé par son véritable nom d'acteur, sauf Brewster McCloud qui apparait l'ultime victime, de lui même, de l'histoire et du film dans sa totalité.
Un mot aussi sur ce que raconte le film (spoil alert) : sur fond d'enquête policière, d'ange gardien, de course poursuite, de merdes d'oiseau, etc. c'est surtout l'histoire d'un jeune garçon qui rêve de s'envoler loin du monde et qui construit une paire d'ailes mécanique. Pour atteindre son objectif il se contraint à rester loin des plaisirs du monde, en particulier charnels. Mais forcément, son rêve d'envol est mis en péril par une jeune fille qui a quelques arguments pour lui faire apprécier sa condition humaine. Et quand il s'élance enfin, il manque de foi et de force, et s'écrase, perdant et son rêve d'idéaliste, et son monde aux quelques plaisirs assurés...
Terriblement triste et assez pétrifiant comme morale.