Bridget,rédactrice en chef des infos sur une chaîne de télé anglaise,est en pleine déprime.Elle vient d'avoir 43 ans,elle n'a plus de mec,et elle ne voit plus trop ses amis,qui sont tous en couple et ont tous des enfants,même le gay de service qui est sur le point d'adopter,ou d'acheter un gosse,on sait pas trop.Même au boulot ça se gâte,une jeune directrice vient d'arriver,avec des méthodes de management plus modernes qui ringardisent miss Jones.Son ex Mark Darcy s'est marié,son autre ex Daniel Cleaver est mort,disparu dans un accident d'avion en Afrique,bref c'est la lose totale.Pour la faire réagir,sa copine journaliste Miranda l'emmène dans un festival de musique,lors duquel Bridget couche avec un bellâtre américain,genre coup d'un soir.Quelques jours plus tard elle revoit Darcy lors d'une fête familiale,ils sympathisent à nouveau et il lui met aussi une cartouche.Lorsqu'elle s'aperçoit peu après qu'elle est enceinte,elle est plongée dans un abîme de perplexité.Qui est le père de cet enfant?Et comment annoncer la chose aux gars,qui peuvent tous deux être l'heureux papa?Si les deux premiers épisodes de la saga "Bridget Jones" étaient sortis de manière assez rapprochée en 2001 et 2004,ce troisième opus est plus tardif,survenant douze ans après le second,alors qu'un quatrième film,"Folle de lui", vient d'atterrir en salles neuf ans après ce "Bridget Jones baby".Le premier film était très bon,le deuxième un peu moins mais ça passait quand même,et là ça dévisse sérieusement.Pourtant la même équipe est aux affaires,devant et derrière la caméra,qu'il s'agisse de la Working Title à la production,de la romancière Helen Fielding,auteur du roman dont sont tirés les films et qui est présente en tant que coscénariste,avec Emma Thompson et Dan Mazer,et productrice déléguée,ou de la réalisatrice Sharon Maguire,qui était aux commandes du film initial et avait pour on ne sait quelle raison cédé sa place à Beeban Kidron sur "L'âge de raison".Malgré tout ça ne marche pas,pour plusieurs motifs.L'usure du concept probablement,qui touche toutes les oeuvres déclinées en sequels,mais aussi les absences remarquables et remarquées de Richard Curtis et Hugh Grant,les mecs plus ultra de la comédie british.Deux seuls êtres vous manquent et tout est dépeuplé,ce manifeste féministe qu'est la franchise ayant quand même bien besoin du talent de ces mecs.Curtis,qui a coécrit les deux films précédents,a disparu du paysage,tout comme Grant,qui incarnait le cynique insolent Cleaver de façon géniale et dont le personnage est annoncé comme étant décédé dès le début du métrage.Du coup rien ne fonctionne vraiment bien dans cette histoire,la faute essentiellement au personnage principal.Le dispositif est le même que d'habitude,la peu attirante Bridget étant l'objet d'un combat de coqs entre deux types cool,riches et séduisants.Sauf que si on pouvait y croire dans le un,l'avaler encore dans le deux,là ça coince complètement.La fille a 43 ans,son interprète Renée Zellweger en avait 47,et elle parait en avoir dix de plus.Moche,terne et stupide,on ne voit absolument pas ce que ces beaux gosses intelligents lui trouvent.Même ses gaffes à répétition,qui la rendaient autrefois charmante,lui confèrent ici un côté très agaçant.C'est sans doute injuste,mais le temps qui passe impacte beaucoup plus les femmes que les hommes,et comme l'héroïne n'était déjà pas laubée au départ,ce n'est pas son gros bide fécondé qui contribue à améliorer la situation.Mais rien à faire,ces gus sont des mecs bien et ne veulent pas en démordre.Donc,au lieu de se défiler et de s'enfuir à l'autre bout de la planète,ils revendiquent haut et fort leur candidature à la paternité et,tant qu'à faire la propriété de la mère,nonobstant le fait qu'elle soit.....comment le dire élégamment?Une grosse vache conne et imbaisable peut-être?Non,il ne faut pas le dire comme ça,disons plutôt une nana quelque peu enrobée déficiente neurologiquement au potentiel de séduction amoindri,c'est mieux.Ajoutons à cela des relents de sauce woke qu'on sent monter,et le tableau est dressé.Ceci dit,ce n'est pas complètement nul,le postulat de départ est original et riche de promesses,pas toutes tenues hélas,le récit est émaillé de punchlines percutantes,de situations barrées,de personnages marrants et de références à l'actualité bien vues,comme l'allusion au prince Edward et aux enfants,ou les manifs des Femen débiles défendues au tribunal par Mark.Les moeurs des médias sont vitriolées sans trop de finesse mais le traitement réserve des moments drôles,comme lorsque Miranda,animatrice d'une émission,interviewe des personnalités en répétant bêtement ce que Bridget lui dit dans l'oreillette sans se poser de questions,même quand sa pote parle à quelqu'un d'autre,et les scènes avec la gynécologue pince-sans-rire sont désopilantes.Si Zellweger est à la ramasse,les autres s'en sortent un peu mieux,à l'exception d'un très pâle Patrick Dempsey,le docteur Mamour de la série télé "Grey's anatomy",beau gosse mais acteur limité qui ne parvient jamais à égaler Hugh Grant.Colin Firth en revanche a toujours une classe phénoménale en avocat coincé à la droiture inaltérable.Sarah Solemani est une révélation en présentatrice TV bonne copine,insouciante et plus ou moins nympho,tandis que l'entourage de Bridget est inchangé,mais les comédiens apparaissent peu,que ce soit Jim Broadbent et Gemma Jones,les parents à l'ouest,James Callis,Shirley Henderson et Sally Phillips,les amis de toujours,ou Celia Imrie,l'amie de la famille très barrée.Emma Thompson,en plus d'avoir cosigné le script,fait une entrée fracassante dans l'univers jonesien en gynéco imperturbable,et Ed Sheeran apparait dans son propre rôle et exécute comme dans "Yesterday" un joli numéro d'autodérision.Sinon on entend comme d'hab "All by myself" à un moment,et un twist trop prévisible surgit à la fin concernant un protagoniste supposé mort mais dont il est précisé au début qu'on n'a pas retrouvé son corps.Note et critique de film de Sharon Maguire publiées précédemment:"Le journal de Bridget Jones"-7.Moyenne:5,5.