Entre deux épopées de La Marquise des Anges, Bernard Borderie, deuxième protagoniste des sixties à pouvoir signer ses lettres d'un B.B., signe un petit polar avec Hossein en tête d'affiche. L'expérience de Angélique, marquise des anges a dû le stimuler suffisamment pour retravailler avec le bonhomme sur une adaptation de Le Breton, figure incontournable d'un certain cinéma français empreint d'une virilité à la limite du caricatural.
Dans une intrigue qui synthétise le genre, Hossein, commissaire déterminé, traque Raymond Pellegrin, bandit réfugié derrière les façades respectables de la bourgeoisie. Mais l'assassinat brutal de son collègue, Galabru, qui souhaitait ramener après le boulot un jouet pour son gosse, alimentera la soif de justice de notre cabotin national. Une dramaturgie qui semble promettre le pire des ennuis, si ce n'était l'irruption explosive de Clémenti.
Pierre Clémenti, électron libre du cinéma français, surgit à l'écran comme un boulet de canon, entouré de sa bande de jeunes fauves (Creton, Hamidou, Préjean et Tureau). Ces compagnons d'infortune, aussi déjantés que malicieux, dynamitent littéralement la linéarité d'un récit en apparence convenu. Leur énergie brute, presque chaotique, ranime le film, et c'est dans cette folie incontrôlée que le long-métrage trouve ses meilleurs moments, nous faisant presque oublier le surjeu des jeunes comme le cabotinage des "vieux lions", Robert Dalban en tête.
Mais derrière ce déluge de vitalité, Borderie ne parvient jamais à masquer le regard profondément paternaliste qu'il fait peser sur ces jeunes yéyés. Présentés de manière caricaturale, ils sont utilisés avant tout comme hameçons par les auteurs pour attirer les jeunes spectateurs et bien leur rappeler que ce sont les papas les plus forts. Mais quelle force peut être prise au sérieux si elle est racontée à travers une mise en scène désespérément plate ? Même Clémenti, ce Mozart déchaîné du cinéma, voit son éclat bridé par une conclusion qui ne lui laisse pas la place de composer, comme il se doit, sa partition finale.