J’ai eu la désagréable impression de me faire manipuler pendant tout le film. Koolhoven a trop tenance à surexploiter la souffrance et la cruauté les plus excessives possible, et ne pas faire grand-chose d’autre.
Cette surexploitation explique certainement la narration non linéaire. Une fuite face à un croque-mitaine aurait été difficilement tenable en 2H30 de film.
Oui, Koolhoven en fait beaucoup trop, sans pour autant être authentique. On note de légers anachronismes, et on sent que ce n’est pas aussi documenté, original et pertinent qu’un The Witch.
Le pasteur surtout manque de justesse. Entre un psychopathe, un fanatique religieux et un pervers narcissique ce n’est pas la même chose. Il donne l’impression d’une créature de Frankenstein. On prend les pires bouts de personnalités ici et là et on les coud ensemble pour former le salaud le plus infame possible.
Sans parler des invraisemblances :
Le pasteur qui survit à un égorgement.
John Snow qui pend son pote dans les chiottes. C’était censé être drôle cette scène ? Il avait beaucoup d’occasions de faire ça discrètement et sans risques...
La scène finale du pasteur. Alors il tue discrètement le grand-père, retourne dans les bois, appelle Liz qui n'est pas foutu de tirer, Liz retourne dans la barraque sans prendre de sérieuses précautions, le pasteur entre tranquilou, il n'est pas foutu de ligoter correctement Liz qui va bien sur se libérer.
Pourquoi se couper la langue à la fin du chapitre 2. Pourquoi ne pas simplement prendre officiellement la place de la muette ? Ou s’inventer un faux nom ? Un veuf avec enfant aurait-il refuser de se marier avec une belle jeune femme au motif qu’elle a encore sa langue ? Cette énormité ne sert qu’à justifier le twist de fin qu’on trouverait presque comique si on avait l’esprit mal tourné…
Quant au twist de fin, même étant muette, elle aurait très bien pu trouver des témoins pouvant prouver qu’elle est Joanna et non Elizabeth…
On est en droit de se poser la question, est-ce que c’est un film féministe maladroit ? Ou bien en prétextant défendre les femmes Koolhoven n’a fait que transposer ses fantasmes les plus inavouables ?
Et si c’était lui le vrai méchant du film ? Avec des références bibliques à la noix, son scénario lugubre, son méchant fantoche et ses foutages de gueule, difficile de ne pas prendre Koolhoven pour un mauvais prédicateur...