Assez bon client des films indépendants qui se font croiser des destins, entre moments de joie et de peine, le film de Rufus Norris m'a profondément touché sans jamais en faire trop. C'est par ailleurs son point fort : toute l'efficacité de Broken tient dans la retenue, l'humilité, la simplicité et la sincérité. Les émotions sonnent justes et sont rarement gratuites, tout cela grâce à des acteurs parfaits qui ne surjouent à aucun moment, Tim Roth et Eloïse Laurence en tête.
Tout ce qui se passe autour de Broken s'avère aussi très réussi : une mise en scène irréprochable et très propre, des flashbacks bien sentis même si répétés, une musique envoûtante à la fois sublime et mélancolique, une photographie magnifique qui force l'admiration... J'en passe, vous l'aurez compris, Broken possède d'excellentes qualités qui manquent à beaucoup trop de films.
Pour ce qui est de l'histoire, elle tient la route sur une bonne partie du film mais finit un peu par se mordre la queue (cela dit, le montage y est bien évidemment pour quelque chose). Dommage également que les deux-trois dernières minutes soient ratées, car Broken est en tout point une vraie pépite qui vous marquera l'esprit longtemps après son visionnage.
Le reste, une fois de plus, est un mélange d'émotions en tout genre qui vous fera passer par le rire et les larmes, par la crainte et l'espoir, par la joie et la haine... Si Rufus Norris n'hésite pas à proposer des séquences choc et rudes, tout est dosé à la perfection si bien que Broken ne frise jamais le ridicule (bon encore une fois, sauf la fin). Comme son nom l'indique, Broken n'est pas un feel-good movie, et les séquences de rire ne sont que l'arbre qui cache la forêt : Broken existe avant tout pour raconter des destins brisés.
A la fois délicat et sensible, Broken est un film avant tout poignant, qui en s’immisçant dans l'intimité de différentes familles, nous rappelle à quel point l'être humain est un combattant. Un combattant contre une vie qui sans cesse ne tient qu'à un fil.