Bronco Apache
6.6
Bronco Apache

Film de Robert Aldrich (1954)

La (femme un peu) prisonnière du désert (et de Lancaster)

L'épreuve la plus difficile à passer en regardant "Apache" de Robert Aldrich, au-delà des conventions narratives un peu rigides propres au western américain des années 50, c'est bien de ne pas penser au budget fond de teint couleur rouge qui a dû être stratosphérique durant le tournage. C'est bien simple, il n'y a que des acteurs blancs grimés en Indiens, et la romance principale se noue entre Burt Lancaster et Jean Peters : autant dire qu'il en a fallu des couches et des couches, et pas que sur les visages... Rarement les chocs entre les époques sont aussi frontaux sur le plan purement graphique.


Car si l'on peut se moquer de ces procédés dignes d'un autre siècle, il ne faudrait pas oublier à quel point, à son échelle, le film a marqué les débuts des westerns pro-indiens, quelques années seulement après les premières pierres en ce sens posées par Mann et Daves. L'histoire de Massaï est inspirée d'un récit biographique et se focalise sur les moments qui ont suivi la défaite de Geronimo, tandis que le protagoniste s'échappe du train le conduisant vers les réserves de Floride et continue à se battre seul contre les colons blancs. Et force est de constater à quel point Lancaster donne de sa personne, telle une gazelle bondissante, au point de flirter avec le ridicule mais qu'importe : il galope d'un côté à l'autre, saute sur des chevaux, bondit de rochers en rochers, chasse à l'arc, met en déroute des régiments entiers... Ça pourrait être comique, ça l'est d'ailleurs un petit peu sur les bords, mais c'est avant tout le récit d'une lutte tragique car inutile à un contre des milliers, symbole de la fin de l'anéantissement des tribus indiennes.


On a quand même droit à des passages de proto mâle alpha à la John Wayne, avec Lancaster n'hésitant pas à foutre un gros coup de bâton à sa compagne pour l'assommer, cette dernière insistant un peu trop à son goût pour le suivre. En sachant qu'elle est enceinte... Et puis la fin vire un peu à la petite maison dans la prairie, imposée par les studios (dans la réalité, Massaï se fait tuer lâchement), avec culture de maïs, paternité heureuse et happy end. Le film est un peu faiblard mais commence déjà un peu à poser la question de l'identité dans cette rébellion, avec un personnage partagé entre entêtement puéril et résistance lyrique.

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le 8 août 2023

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Morrinson

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