Dire de Nicolas Winding Refn qu'il a une certaine fascination pour la violence serait le même genre d'euphémisme que "Michael Bay aime bien mettre une explosion ou deux dans ses films". Ce qui est assez intéressant dans son cinéma c'est qu'il ne fait de scènes "d'action" mais des vraies scènes violentes. Je sais pas si, dit comme ça, la nuance est claire, je vais essayer d'expliquer vite fait : Il ne fait pas de scènes super dynamiques qui ont pour but de défouler le spectateur ou de le faire rêver avec des chorégraphies impossibles. Ce que fait Refn dans son œuvre, c'est filmer le plus froidement possible de la violence ou ce qui en résulte, quitte à faire du très très gore-dégueulasse.
Donc, forcément, lorsque j'ai appris que Mr Violence s'était intéressé au détenu le plus violent d'Angleterre, je me suis un peu jeté sur ce film. Bronson !
Côté ambiance, le film est solide. Autre trait récurrent chez Refn, les plans contemplatifs. Cette fois-ci, il s'en sert pour filmer des murs délabrés, des lieux sordides, glauques humides, poisseux et moisis. C'est dégueulasse et pourtant, Bronson qui prend parfois le temps de nous parler face caméra n'a de cesse de répéter que cet endroit est un hôtel, que c'est génial et qu'il faut qu'il y reste le plus longtemps possible. Ce décalage, cette mise à mal de nos repères est absolument géniale. C'est très difficile de sortir du film indemne. Autre chose qui contribue à l'ambiance génialement immonde de cette œuvre, c'est Tom Hardy : Il est fabuleux, une montagne de muscles brutale, méchante, souriante et psychotique.
Pourtant, ce n'est pas mon film préféré chez Nicolas WR. Je trouve qu'il s'attarde trop dans l'asile psychiatrique. Même si ce lieu ouvre sur la scène glaciale du pédophile qui justifie à elle seule le visionnage du film, j'ai l'impression qu'on s'éloigne trop du propos sur la violence et sur la psychologie "alternative" de Charly Bronson. Et en plus, il me semble qu'en plus d'être trop long, ce passage se coupe au mauvais moment, juste avant l'interminable isolement (26ans) du personnage qui aurait sans doute été un pur bonheur à mettre en scène pour Refn. Bref, je regrette un peu ce long voyage chez les fous puisqu'il m'a un peu sorti de l’œuvre.
Cependant, j'assume quand même ma note puisque, nom d'un chien, ça vaut le coup d'oeil ! Je vous le conseille vivement. Surtout aux petits curieux qui n'ont pas encore franchi le pas de se lancer dans le cinéma d'auteur, je vous conseille ce réalisateur là : Des films d'auteur qui traitent de la violence, il me semble que c'est un bon compromis pour se mettre dans le bain d'un cinéma autre que le pur divertissement.