Nommé trois fois aux Oscars, Brooklyn ne me faisait absolument pas envie de prime abord. Mais trois nominations quand même ! C'est peu de dire que j'y suis allé à reculons et même avec le frein à main en m'attendant au pire du pire : la romance mielleuse. Mais après avoir subi 50 Nuances de Grey, n'importe quelle "romance" est bonne. Certes.
Il est aussi peu de dire que ce Brooklyn est plutôt agréable et sympathique à suivre. D'un côté parce que Saoirse Ronan à des yeux tout simplement magnifiques et que sa nomination aux oscars n'est pas volée. Elle campe ici une jeune femme immigrée irlandaise. Elle joue juste. Elle est habitée d'une certaine timidité très attachante qui contre balance son appétit pour les échanges directs. Entre timidité, regard profond et ravageur, Ellis Lacey découvre les rudiments de la vie New-Yorkaise. Vendeuse, soirée irlandaise, communautarisme et mal du pays. Si Brooklyn est bon, c'est très largement grâce à elle (voir totalement). Elle donne au tout une vraie sensibilité et une vraie subtilité.
La première partie du film est une vraie réussite. C'est une petite fresque historique, sociale et culturelle de l'Amérique de l'immigration. Les décors et costumes sont plutôt réussis.
On y voit les irlandais et les italiens tentant de se faire une place tant bien que mal. Par l'intermédiaire de la romance entre l'irlandaise et l'italien, on découvre ce qui oppose les deux communautés (et un peu en partie du petit). A coup d'humour, de tristesse et de romance, John Crowley propose dans cette première partie une vraie réflexion sur l'immigration dans les années 50. C'est une partie efficace, bien écrite (bien adaptée), très plaisante à suivre et qui explore des chemins un peu moins classiques que d'habitudes. Les différentes scènes autour du dîner apportent une touche humoristique parfois potache (même lourdes) et d'autres fois très intéressantes. Ces potiches d'ailleurs servent à leurs manières le récit en "formant" Ellis à la vie américaine. On se complait à suivre l'intégration lente et difficile d'Ellis dans la société américaine, entre mal du pays, première rencontre et premier amour, celle-ci découvre un monde nouveau. En témoigne la scène de la plage plutôt drôle et pleine de justesse.
Amoureuse, heureuse, intelligente et intégrée, Ellis Lacey se voit déjà en américaine moyenne mais il fallait bien que tout se complique.
Et quand tout se complique pour Ellis, c'est le film entier qui en prend pour son grade. La deuxième partie, quoiqu'intéressante est beaucoup plus classique et reprend un fil vu et revu : retour aux pays, traditions, tiraillements, blabla blabla...Là, c'est clairement moins ma came. Domhnall Gleeson est bon mais on sait pertinemment qu'Ellis ne va pas rester. Trop de choses sont présentes ici. Et finalement, cette partie manque terriblement d'enjeux car la finalité on la connait : elle va retourner en Amérique, retrouver son rital de plombier et vivre heureuse sur sa terre d'accueil.
Pas vraiment transcendant techniquement, ni musicalement, Brooklyn est avant tout une bonne romance historique. Une romance dotée d'un casting convaincant de manière générale. Un casting où Saoirse Ronan tire son épingle du jeu avec une performance juste, toute en subtilité et en sensibilité (sans oublier son regard à tomber évidemment). On regrettera cette dualité dans la performance : une très bonne première partie et une seconde beaucoup plus faible car sans enjeux. Mais Brooklyn a réussi son pari de me faire apprécier une romance légère et sympathique.