S'il y a bien un plaisir coupable que j'avoue sans aucune honte, ce sont bien les films romantiques. Oui, ces bons vieux films suintant d'amours niaises qui vous transportent le temps d'une durée définie dans un univers où la logique n'existe plus qu'au prisme de la beauté des sentiments.
Vous comprendrez donc mon plaisir et mon envie en découvrant la bande annonce du film. Synopsis: une jeune immigrante irlandaise se rend dans les années 50 aux USA pour y commencer une nouvelle vie. D'abord tourmenté par l'inévitable mal du pays, elle s'habitue peu à peu aux moeurs locales et à sa nouvelle vie. Mais ce rêve éveillé est vite perturbé par l'ombre de son passé et Eilies, notre héroïne, doit finalement se résoudre à faire un choix entre deux modes de vie, deux mondes, deux hommes. Tout un programme en perspective...
Ce film fut malheureusement pour moi une très grande déception au vu de l'impatience qui était la mienne de voir ce film (impatience que j'avais d'ailleurs savamment orchestré...) Si l'on ne s'attend guère dans ce genre de films à un développement d'intrigue poussé, l'histoire que l'on nous conte ici manque cruellement de profondeur et de suspens. Dualité classique entre un citadin américain d'origine italienne, légèrement simplet sur les bords mais attachant et un brave irlandais fort bien éduqué mais dont le peu de présence à l'écran ne permet guère de s'y attacher (il faut néanmoins reconnaître que Domhnall Gleeson a un talent certain pour proposer une prestation de qualité même dans les films les plus improbables, chapeau l'artiste!) Il faut ainsi se résoudre à admettre que le film ne parvient pas à faire décoller un seul instant l'intrigue amoureuse.
Si le vide abyssal du scénario et la fin plus que prévisible pour quiconque est un habitué du genre plombent complètement le fond du film, on ne peut cependant qu'apprécier "l'emballage" de ce dernier; on assiste ainsi à une reproduction convaincante du New-York des années 50 et de l'ambiance chaleureuse du quartier de Brooklyn. Les couleurs chaudes et attrayantes, les tenues superbes et la réalisation efficace (bien que diablement classique!) nous permettent de passer un bon moment. Et que dire de l'Irlande (pourtant si mal représentée dans le film!) qui donne un charme certain à ce dernier et qui reste malgré tout, à mon goût, un des endroits proposant les meilleurs espaces que l'on puisse filmer .
Pour conclure je dirais qu'il s'agit, malgré tout ces errements, d'un coup de coeur tant j'ai apprécié de me retrouver dans l'Irlande rurale et le Brooklyn citadin des années 50. Il faut également reconnaître à Saoirse Ronan un talent rafraîchissant et prometteur au vu de sa capacité à parfaitement mettre en scène la petite Eilis Lacey dans toute sa complexité. Très grand plaisir également de retrouver Domhnall Gleeson dont j'apprécie de plus en jeu le talent au fur et à mesure que je découvre ses performances dans divers univers (Ex Machina, Star Wars VII où il est pour moi l'acteur le plus convaincant, The Revenant etc...). Ce diable d'irlandais se paye même le luxe d'éclipser totalement la prestation de son "rival" le temps d'un film, Emory Cohen, alors qu'il dispose d'un temps de présence bien inférieur.
Au final je ne conseillerai pas ce film à quelqu'un qui n'est pas un habitué du genre mais je suis sur que vous pourrez passer un excellent moment devant ce film, seul(e) ou accompagné(e)!