D'origine philippine, Vincent Sandoval a réalisé deux longs-métrages avant de s'installer aux Etats-Unis et de devenir Isabel, nouvelle identité sous laquelle elle signe son troisième film Lingua Franca, traduit en français par Un Brooklyn secret plus susceptible de séduire le public même s'il ne s'agit en aucun cas d'un portrait du quartier new-yorkais. Isabel Sandoval joue le premier rôle dans ce film où l'héroïne est immigrée et transgenre. Autobiographique, alors ? A priori, non, mais soulevant des problèmes que la cinéaste connait parfaitement. Plus qu'une recherche d'identité, celle-ci étant parfaitement assumée, au-delà des frontières de genre et géographiques, il est question ici d'une lutte administrative pour devenir citoyenne à part entière en obtenant la célèbre carte verte. Les qualités d'actrice et de réalisatrice d'Isabel Sandoval sont indéniables et son personnage est très attachant, de même que celui de l'homme, parfaitement inadapté socialement, qu'elle va rencontrer. Mais l'histoire a beau être celle de deux outsiders dans l'Amérique de Trump, elle n'en est pas moins balisée et son caractère trop prévisible réduit quelque peu la bonne impression laissée par la première moitié de Brooklyn Secret. L'aspect intime mais surtout sentimental du scénario prend largement le dessus sur son côté politique. Cela a pour principal conséquence d'affadir le propos et de banaliser finalement un film qui ne va pas jusqu'au bout des choses.