Où tout ce qu'on gagne en délicatesse est perdu en cinéma... Alors oui, la photo est très belle, le propos subtilement amené, les dialogues naturels, la chronique réaliste. Il n'y a rien à redire à l'écriture des personnages, ou de leur interprètes (Michael Barbieri en particulier, est formidable), et le double enjeu narratif (l'amitié des "Little Men" et les affaires de leurs parents) est intéressant.
Quel est le problème alors ? Pourquoi une semaine plus tard le film s'efface déjà de ma mémoire ? Et bien parce que la situation de départ et les enjeux posés, rien, rien, rien ne viendra jamais faire dériver les trajectoires des protagonistes ou de l'histoire, rien ne viendra impacter la linéarité du récit, sa logique visible aux premières minutes. Les adultes ont une décision à prendre, ils la prendront, les enfants doivent s'adapter, ils s'adapteront, et ce sentiment de juste regarder une feuille tomber, sans le moindre coup de vent, alors qu'on était déjà conscience de l'existence de la gravité, rend alors le film un peu vain, nous fait nous demander pourquoi une fiction plus qu'un documentaire sur la gentrification ou les différences de classe, si c'est pour se refuser à ce point d'utiliser le moindre outil narratif, le moindre mécanisme propre aux histoires. Comme si au fond, oser introduire un gramme de romanesque, ou juste d'imprévu, aurait dénaturé l'intention.
Et bien l'intention m'aura échappé.
Ps : je ne sais pas si c'est la salle qui n'était pas équipée ou si le film a été directement tourné dans ce format plus proche du 4/3 que du scope dans lequel je l'ai vu mais c'est peu agréable, les personnages sortent du cadre sans vraie raison, les scènes de groupes sont difficilement lisibles, dommage