Film précu(l)rseur.

Enfin, devrait-on dire. « Bros » est le premier film produit par un gros studio à nous offrir sur le grand écran une comédie romantique gay jouée par des acteurs gays. Et on se dit que nous sommes tout de même en 2022, avec l’évolution des mœurs, elle a peut-être dix ou quinze ans de retard, et donc que cela aurait dû être fait bien avant. On ne va donc pas s’en plaindre car c’est bien fait ici, loin du wokisme et de l’inclusion excessive propre à Netflix qui met des gays ou des acteurs de couleur partout et sans raison au nom de la diversité, même parfois en dépit du bon sens et de la vérité historique. Pourtant, la diversité est tellement importante est nécessaire mais quand c’est fait intelligemment (comme le récent « The Woman King »). Ce « Bros » risque d’ailleurs de souffrir de son côté avant-gardiste et précurseur car, peu importe sa qualité, il sera toujours vu comme le premier grand avatar d’un genre.

Qu’en est-il du film en lui-même? Et bien le constat est mitigé. Le début commence sur les chapeaux de roue! Les répliques drôles et bien vues pour qui connait le milieu sont excellentes et on éclate de rire à plusieurs reprises. « Bros » a le bon goût d’être piquant quant à sa propre gestation mais aussi sarcastique et bourré d’autodérision sur la communauté et le milieu qu’il dépeint. Par exemple, le communautarisme et l’idéologie LGBTQ+ est aussi bien honorée qu’elle est moquée sur ses excès et ses débordements. La tonalité quelque peu second degré est bienvenue et la fréquence des gags et des dialogues marrants est soutenue. Le regard porté sur le monde gay actuel est plein d’acuité et Nicholas Stoller qui était déjà très juste dans ces comédies romantiques hétéro, l’est tout autant ici. En revanche, il faut avouer que pour un film grand public c’est parfois osé mais cela reste quand même très amusant, comme la scène de la partouze qui est à mourir de rire. Pas sûr pour autant que cela permette à un public plus large de venir découvrir le film et d’apprécier hors de l’audience gay et gay friendly. Le temps nous le dira mais ce film ne sortira jamais en Chine ou dans les pays musulmans ça c’est certain...

Donc « Bros » commence plutôt bien en dépit d’une mise en scène quelconque. Mais passé le premier tiers, ce côté impertinent et piquant s’étiole de plus en plus et le film de rentrer dans le rang et de devenir semblable à n’importe quelle comédie romantique lambda avec ses longueurs, ses atermoiements de fin de bobine et son happy-end sirupeux. Et il en devient donc de plus en plus ennuyeux et longuet. Mais, surtout, plus les minutes passent, moins c’est drôle et ce n’est pas plus touchant que le moyenne de ce type de comédies américaines à tendance sentimentale car c’est bien trop fleur bleue. Enfin, l’alchimie du couple central doit être forte et pleine de complicité dans une comédie romantique et ici celle entre Eichner et MacFarlane ne saute clairement pas aux yeux. Ça se laisse donc regarder pour ses fous rire de début de bobine et ses répliques bien senties mais au final cela n’a rien de transcendant au-delà de son statut de film pionnier.

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