The Girl is Mine

La métaphore centrale mettant en parallèle l'amour de l'héroïne pour le hip-hop, et les sentiments qu'elle ressent pour son ami d'enfance, s'avère plutôt intéressante à défaut d'être hyper originale.

Le problème, c'est lorsque ce genre de productions très calibrées vantent avec insistance l'authenticité du mouvement hip hop, tout en usant d'artifices flagrants, en particulier sur le plan narratif. Il y a comme un léger paradoxe...

"Brown Sugar" reprend donc sans vergogne la plupart des schémas narratifs classiques de la rom'com', de la meilleure copine rigolote et obsédée, à la rivale superficielle au physique de top model, en passant par la prise de conscience tardive du grand amour enfin réciproque.

De même, l'univers du hip hop et des maisons de disque est traité avec désinvolture, peuplé de personnages caricaturaux, à l'image du duo de rappeurs grotesques.

Au rayon des artifices agaçants, notons aussi cette faculté à constamment se croiser par hasard dans New York, une ville qui ne compte que 8 millions d'habutants...

Rick Famuyiwa signe donc une comédie romantique assez lambda, dont la principale singularité réside dans l'origine ethnique des protagonistes, tous afro-américains.

Pour ma part, j'ai passé un assez bon moment, pour une raison simple : la présence de la troublante Sanaa Lathan dans le rôle principal. A mes yeux, le choix de l'actrice principale compte pour au moins 50% dans l'efficacité d'une rom'com'. Autrement dit, je suis prêt à entendre pas mal d'âneries, dès lors qu'elles sont susurrées par les lèvres pulpeuses de Sanaa Lathan.

Avec son nez un peu fort et ses traits vaguement masculins, la comédienne n'est pourtant pas une beauté au sens classique, mais perso je la trouve incroyablement canon.

Et puis "Brown Sugar" n'a rien de désagréable, évitant les grosses fautes de goût, capable de faire sourire à l'occasion (la vanne sur Bogart et "Casablanca"), et baignant dans une sympathique ambiance hip hop / R'n'B (Mos Def et Queen Latifah héritent de seconds rôles).

Le film évite même un cliché fréquent, celui de présenter les rivaux amoureux des héros comme des connards finis. Ici, Nicole Ari Parker et Boris Kodjoe sont plutôt bien traités.

En revanche, "Brown Sugar" est pénalisé par son aspect longuet (1H45), ses quelques longueurs venant inopportunément souligner à quel point tout y est prévisible...