Au début du XXe siècle, une jeune femme abandonne une future carrière dans la couture pour vivre avec son compagnon ... qui, par paresse, a décidé de ne plus travailler. A la place, il va envoyer sa compagne faire de la prostitution, afin qu'elle gagne suffisamment d'argent. Jusqu'à ce qu'elle rencontre un autre homme et que les maladies infectieuses fassent leur apparition.
Bien que le film soit italien, et qu'il se passe à Montparnasse, il s'agit d'une adaptation d'un roman français, qui fit scandale à l'époque pour montrer avec autant de justesse le métier de prostituée.
Ce que fait Bolognini est également le portrait d'une femme, au départ totalement soumise aux désiderata de son compagnon, aussi incroyable que ça puisse paraitre, car elle a si peur de le perdre qu'elle s'offre aux hommes sans qu'elle n'en pense quoi que ce soit. Puis, à la rencontre d'un jeune client, son point de vue va commencer à changer. N'oublions pas aussi que les maladies infectieuses étaient monnaie courante à l'époque, le préservatif n'existant pas, et que les risques d'attraper une syphilis, alors mortelle, étaient élevées.
Si le compagnon joué par Antonio Falsi est un peu fade, Ottavia Piccolo est une révélation, car on voit le personnage évoluer, passer de la naïveté à la raison, et même à la prise en main de son destin. Finalement, l’œuvre devient féministe au fur et à mesure, car c'est elle dont Bolognini s'intéresse, c'est elle qui décide de se séparer de son homme, c'est elle qui va larguer les amarres malgré les soucis à venir. En ce sens, je trouve le personnage intéressant, même si au départ je pense que c'était plus vendu comme un film coquin. Ce qu'il est dans un sens, l'actrice n'hésitant pas à se dénuder, mais ça montre aussi comment se fait ce métier, les toilettes à prendre, les visites chez le médecin...
Il est seulement dommage que la réalisation soit aussi plate, malgré un détail évident sur la reconstitution de Montparnasse, ainsi que les soins apportés aux costumes. Mais Bubu de Montparnasse reste au fond intéressant.